« Virtuosité et transparence ? »
Opéra Confluence Grand Avignon. 9 février 2018
Richard Wagner, Siegfried Idyll, WWV 103
Frédéric Chopin, Concerto n°1 en mi mineur pour piano et orchestre, op. 11
Maurice Ravel, Ma Mère l’Oye (Ballet intégral)
Orchestre Régional Avignon-Provence, http://www.orchestre-avignon.com
Direction, Samuel Jean
Piano, Giovanni Bellucci
« Virtuosité et transparence » titrait ce soir-là le programme de salle. Sous la direction de son chef Samuel Jean, l’effectif réduit de l’Orchestre Régional Avignon Provence ouvre la soirée avec une rare page orchestrale composée par Richard Wagner, Siegfried Idyll. Une pièce de jeunesse écrite en 1870, composée en l’honneur de Cosima que Wagner venait d’épouser, pour une formation de treize musiciens. L’orchestre met en valeur le climat serein de la partition. Un nombre important de motifs constituent l’œuvre, s’imbriquant les uns aux autres, pour conclure sur le thème triomphal et conquérant de Siegfried. L’interprétation donnée par l’orchestre est à la fois tendre et magnifique.
Le piano est alors avancé sur la scène pour céder la place à Giovanni Bellucci, qui interprète le célèbre 1er concerto de Chopin en mi mineur. Cet artiste est considéré comme l’une des plus grandes figures du piano contemporain : son enregistrement des Paraphrases de Franz Liszt sur les opéras de Verdi et de Bellini a été classé par le magazine Diapason parmi les dix meilleurs enregistrements lisztiens de l’histoire, s’offrant même le luxe de l’emporter sur Martha Argerich, Aldo Ciccolini ou Gyorgy Cziffra. Après la victoire de Bellucci au World Piano Masters Competition de Monte-Carlo en 1996 qui clôt une longue série de succès dans des concours internationaux, le journal le Monde commente : « Il n’y a pas dix pianistes comme lui dans le monde : Bellucci renoue avec l’âge d’or du piano ». Cet artiste qui découvre le piano à l’âge de 14 ans ne laisse pas d’étonner car c’est à peine âgé de 20 ans qu’il achève ses études pianistiques en remportant le 1er prix, décerné à l’unanimité avec félicitations du jury, du Conservatoire Santa Cecilia de Rome. Giovanni Bellucci se produit dans les salles, théâtres et festivals internationaux les plus prestigieux, et pourtant, à l’opéra Confluence, sa lecture du 1er concerto de Chopin, témoin de la richesse artistique des années 1830, ne nous a pas convaincus : il en a donné une interprétation très personnelle, parfois à peine audible, variant l’intensité des phrasés, même si le dialogue entre l’orchestre et le soliste était parfait.
En bis le pianiste a offert, toujours de Chopin, Variations en la majeur « Souvenir de Paganini ! », une pièce très sereine composée en 1829 en hommage au violoniste virtuose Niccolo Paganini pour lequel le compositeur avait beaucoup d’admiration.
En seconde partie de la soirée, nous avons retrouvé l’orchestre au grand complet agrémenté d’une harpe pour une magnifique interprétation de la musique pour ballet «Ma Mère l’Oye» de Maurice Ravel d’après les contes de Charles Perrault. Cette série de cinq pièces en kaléidoscope, composées pour piano à 4 mains a été orchestrée ensuite par le compositeur ; elle justifierait à elle seule « l’amour pour cette musique française » que proclame le chef Samuel Jean. L’orchestre a donné de ces pages très colorées, une lecture émouvante d’une expressivité et d’une grande poésie. Voici une manière superbe de clore cette soirée. (D.B. Photos concert : M.A. Portrait soliste : dr).