L’art d’une programmation
Maurice Xiberras est de ces directeurs de maisons d’opéra « à l’ancienne », qui maîtrisent le savant exercice d’équilibriste d’une saison, entre valeurs sûres qui rempliront la salle, et découvertes… qui ont de fortes chances de la remplir aussi !
Il constitue un nouveau tandem avec le directeur musical, Michele Spotti, récemment arrivé pour succéder à Lawrence Forster – qui continue par ailleurs à diriger -, ouvrant une nouvelle page pour l’Opéra de Marseille ; on l’a déjà vu au pupitre en décembre dernier.
8 opéras, 7 concerts de l’Orchestre philharmonique, 5 de musique de chambre, constituent le socle solide, sur lequel s’appuient également le Festival Musiques interdites, le Ballet Julien Lestel, la création contemporaine du GMEM, ou Marseille concerts, ainsi que « Conte et histoire » à destination du jeune public.
La programmation lyrique affiche 5 productions marseillaises, dont une nouvelle production et une co-production, ainsi que 3 spectacles accueillis. Un équilibre financier et technique judicieux, et qui donne légitime priorité à la création locale.
Trois Verdi scandent cette saison opératique : Attila en version concertante (Paolo Arrivabeni, 29 octobre, 2 et 4 novembre), la Traviata (Celia Cafiero/ Yves Coudray d’après Renée Auphan, 6, 8, 11, 13, 15 février), et Un ballo in maschera en clôture (Palo Arrivabeni / Waut Koeken, 4, 7, 9, 11 juin). Trois poids lourds, qui structurent une programmation solide, mais sans pour autant écraser ou éclipser les 5 autres titres.
Meyerbeer (les Huguenots, magnifique production, avec Karine Deshayes) avait terminé la saison précédente ; Meyerbeer ouvre celle-ci, avec L’Africaine... et Karine Deshayes – on s’en réjouit – (3, 5, 8, 10 octobre ; notre compte rendu) ; après Attila, on entendra une autre version concertante, celle d’Autodafé, une œuvre créée il y a un demi-siècle à Vaison-la-Romaine et oubliée depuis lors : une curiosité, un événement (Roland Hayrabedian, 25 novembre) ; pour les fêtes, la traditionnelle opérette, la jolie Veuve joyeuse (Lawrence Foster/ Jean-Louis Pichon, 29 & 31 décembre, et 2, 4, 7 janvier 2024) ; après La Traviata, un autre bonheur, Don Quichotte de Massenet avec Nicolas Courjal (Gaspard Brecourt/ Louis Désire, 19, 21, 24 mars) ; puis Le Nozze di Figaro, où l’on attend avec impatience Patricia Ciofi (Michele Spotti/ Vincent Boussard, 24, 26, 28, 30 avril, et 3 mai).
A l’Odéon, ce ne sont pas moins de 7 titres qui animeront joyeusement les week-ends : La Cage aux folles (Mornet/ Manguette, comédie musicale d’après la pièce de Jean Poiret, 21 & 22 octobre), l’inoxydable Un de la Canebière toujours plébiscité (Benetti/ Burles, 18 & 19 novembre), La Grande-duchesse de Gerolstein (Keck/ Coudray, 13 & 14 janvier 2024), Paganini (Tibone/ Clin, 24 & 25 février), 4 jours à Paris (Conti/ Clin, 16 & 17 mars), Chanson gitane (Benetti/ Clin, 27 & 28 avril), et Méditerranée (Conti/ Clin, 25 & 26 mai).
L’Opéra et l’Odéon accueillent également une partie de la programmation du théâtre du Gymnase, construit en 1804 et actuellement fermé pour travaux de rénovation : l’Avare de et avec Jérôme Deschamps, qui poursuit sa tournée, et que nous avons vu deux fois cet été au château de Grignan dans le cadre des Nuits de la Drôme (Opéra, 29 & 30 novembre, et 1er décembre) ; Le principe d’incertitude, avec Laura Smet et Jean-Pierre Daroussin (Odéon, 19 au 23 décembre) ; Merci, Francis ! par les Coquettes (Odéon, 30 & 31 janvier, et 1er février) ; Les gros patinent bien (Odéon, 19 au 24 mars). Ainsi que les 3 « dimanches d’Offenbach », avec Diego Mingolla au piano et au pupitre Jean-Christophe Keck grand spécialiste du compositeur : La permission de 10 heures (10 décembre), Pépito (7 janvier 2024), la Chanson de Fortunio (10 mars).
L’Opéra de Marseille tisse aussi depuis de longues années des histoires de fidélité, plusieurs artistes traversant plusieurs productions : Hélène Carpentier chantera ainsi dans l’Africaine, et dans Le Nozze di Figaro ; Laurence Janot dans l’Africaine également, et Don Quichotte ; Marc Barrard (qui avait été magistral dans les Huguenots) dans la Veuve joyeuse et Don Quichotte, Jean-Marie Delpas dans La Traviata, Frédéric Cornille dans La Traviata et Don Quichotte, Nicolas Courjal dans Don Quichotte. Et dans les autres interventions artistiques, fidèles d’entre les fidèles, Charles Roubaud et Louis Désiré aux mises en scène, et Katia Duflot aux costumes (l’Africaine et La Traviata. Sans compter les autres noms familiers, outre des rôles-titres de la saison : Florian Laconi (L’Africaine),Jean-Claude Calon (La Cage aux folles), Jean-Marie Delpas (La Traviata), Enea Scala (Un ballo in maschera).
Et à l’Odéon Fabrice Todaro, Dominique Desmons, Julie Morgane, Didier Benetti, Carole Clin, et l’inénarrable Antoine Bonelli, Bienaimé des Accoules… et du public !
Nous en oublions sans aucun doute…
G.ad.
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