La maladie, le corps malmené, comme thème de théâtre ? Ouille ! Osé ! Et pourtant, « Pas de mains, pas de chocolat », la réplique des Intouchables qui a fait rire millions de spectateurs, elle n’était pas tendre, non plus, très dure même. Nous n’envisageons pas ici les violences diverses, conjugales, familiales ou autres, ou pression sur les sportifs…
Mais depuis que Fabien Marsaud a fait de Grand Corps Malade son ADN, le corps – avec ses petits bobos et ses grandes douleurs, auxquels personne n’échappe -, n’est pas ou plus un tabou sur la scène. Pas plus qu’une autre question de société, même si celle-ci touche davantage à l’intime. Et au festival Off 2024, pas question de dolorisme…
La Maladie de Sachs, de Martin Winckler, dès la parution du roman en 1998, avait ouvert une sacrée brèche, côté praticien, preuve d’une attente muette, et régulièrement le titre est repris avec succès (théâtre des Barriques, 2-21 juillet, 19h05, 1h25, 04 13 66 36 52).
Le titre de Maligne pour sa part est suffisamment évocateur ; Noémie Caillault, dans une création collective qui la soutient, décide de partager l’impression que le ciel vous tombe sur la tête à 27 ans quand vous apprenez que vous avez une boule intruse (Scala, 20h20, 1h10, 04 65 00 00 90). En revanche c’est sous le joli prénom de Lilou que sera abordée la forme « adolescente » de cette malignité : un doux chemin de résilience et de tendresse, mis en scène par le papa, Alexandre Riedel, avec pudeur et délicatesse (création 2024 à Avignon, Cabestan, 17h40, 1h15, relâche 17 juillet, 04 90 86 11 74).
Et qui voudrait découvrir ce qu’est une maladie auto-immune (une ? même deux, même trois, parce qu’elles se suivent en bouquets…), devrait voir Hépatik’girl, une épopée auto-immune, l’histoire d’une super nana qui vous bluffera (Luna, 19h30, 1h15, 04 12 29 01 24). Et, dans un autre cadre, Rebecca Stella (voir notre entretien) a produit une série sur le diabète infantile ; elle en avait proposé il y a quelques années, au centre hospitalier d’Avignon, le 1er volet, Les îles désertes. Dans la même dynamique de ces créations qui devraient être promues par la Sécurité Sociale comme figurant sur toutes les prescriptions, Wonder life (aux Etoiles, 12h30, 1h. 3-21 juillet. Rés. 04 13 39 07 78, à partir de 12 ans), une autre wonder nana qui vous bouscule et à qui vous dites merci…
La nature peut jouer d’autres tours, pas plus sympathiques : vous faire naître, comme plus de 13.000 personnes en France, « intersexe ». Si le regard est aujourd’hui plus bienveillant, ce n’a pas été le cas de Sarita Vincent, qui pendant 37 ans a vécu un calvaire médical et chirurgical (Cicatriciel, le 11, 17h, 1h20, pour adultes).
Il arrive aussi qu’une banale grippe se transforme en course pour la (sur)vie, cela donne alors Les frottements du cœur, et le public a le sien qui bat plus vite (Scala Provence, 17h35, 1h25. 04 65 00 00 90).
Ne cachons pas les maladies dont on ose moins parler, les maladies mentales, toujours entachées de vague suspicion, comme le douloureux burn-out de celle qui croule sous trop de… de trop de…; on l’entendra dans Faut’qu’ça sorte (Théâtre des Lila’s, 15h30, 1h15, 04 90 33 89 89). On a également entendu parler d’un spectacle sur la schizophrénie.
Et pour mettre à distance les démons, on pouvait faire confiance – mais elle est déjà repartie ! – à Emma la clown, dans sa trilogie Le Divan, la Mort, le Vide (Scala, 14h05, les 8 et 15 juillet).
Ce sont toutes là des histoires vraies, et à ce titre elles font du bien. D’abord par la mise à plat, la verbalisation d’une expérience qui nous touche tous (nous connaissons tous quelqu’un qui connaît quelqu’un…) : les mots-pansements réconfortent. Et par un cheminement régénérateur : à partir de l’émotion, inévitablement présente – et il faut qu’elle sorte -, le jeu théâtral incite à se prendre en main et l’on en repart revigoré…
D’ailleurs, ce sont souvent les « patients » eux-mêmes qui sont sur scène, et qui ont une sacrée pêche !
Bunker, pour sa part, met en garde contre les tentations de la manipulation, voire des dérives sectaires : avoir recours à n’importe quel charlatan, poussé par la souffrance, peut vous coûter la vie (le 11, 15h30, 1h10).
Et, pour prendre un peu de légèreté, on peut se libérer des maux du quotidien par la danse (Sous tension, Golovine, 16h, 55 min. 04 90 86 01 27). Ou plaisanter de Ce qui ne nous tue pas… avec Mélanie Page (Petit Louvre, 13h15, 1h20, 04 32 76 02 79). Ou aller dans une officine déjantée (Avec ou sans ordonnance, Marelle des Teinturiers, 12h, 1h, 06 98 82 74 25). Ou se rappeler, sur le mode comique, que la Covid n’est pas définitivement éloignée (Aimons-nous loin les uns des autres, Le vieux sage, 20h30, 1h, 06 35 27 44 28).
G.ad.
Laisser un commentaire