Bonne humeur retrouvée à l’Odéon !
Odéon, Marseille. Samedi 22 octobre 2022
Nos folles années, opérette de Jacques Météhen.
Direction musicale, Didier Benetti. Mise en scène, Jacques Duparc. Chorégraphie, Laetitia Antonin
Agnès Pat’ (Ketty). Jeanne-Marie Lévy (Madame Trinchart). Caroline Géa (Daisy). Estelle Danière (Zézé). Carole Clin (La Baronne des Tournelles). Thomas Violleau (Jacques Chastenet). Grégory Juppin (Pivoine). Florian Cléret (Amédée des Tournelles). Claude Deschamps (Baron des Tournelles). Jacques Lemaire (Victor Trinchart). Steve Chauvry (Edward). Loïc Consalvo (Le Professeur de danse). Grégory Arrieta (Le Colonel / Amadou). Antoine Bonelli (Le Curé / L’Imprésario)
Orchestre de l’Odéon
Bonne humeur retrouvée à l’Odéon, autour des chansons de l’entre-deux-guerres réunies dans une opérette qui fait mouche
Le musicien et chef d’orchestre Jacques Météhen (1903 – 1986) a participé à de nombreuses musiques de films (comme Zazie dans le métro ou La Grande Vadrouille) et a été arrangeur, entre autres, d’Édith Piaf et Joséphine Baker. Son opérette Nos folles années est une sélection des airs d’opérettes les plus populaires de l’entre-deux-guerres, composées à l’origine par Yvain, Scotto, Mistinguett, Christiné… Malgré le nombre réduit à cinq instruments cet après-midi au Théâtre de l’Odéon – 2 pianos, violon, contrebasse, percussions -, le chef Didier Benetti, qui tient aussi l’un des deux pianos, fait vivre au mieux cette musique le plus souvent enjouée, teintée aussi parfois d’une mélancolie prégnante.
Mais avec ses nombreux dialogues, la force de la pièce repose en grande partie sur l’intrigue loufoque imaginée par Marc Cab (de son vrai nom Marcel Cabridens, 1901 – 1978), qui nous entraîne, à vive allure, en divers lieux. Avec des décors de facture modeste mais diablement efficaces et suggestifs, on sourit et rit de bon cœur à la mise en scène de Jacques Duparc, l’un des maîtres, depuis de nombreuses années, de ce répertoire léger.
Le rideau s’ouvre sur la réjouissance générale à l’immédiat après-guerre de 14-18 sur une place parisienne, une loge de concierge à gauche et de nombreuses caisses de bouteilles de vin à droite. Les concierges sont les époux Trinchart – hilarants Jacques Lemaire et Jeanne-Marie Lévy – qui se sont enrichis pendant la guerre grâce au marché parallèle. Dans le but d’accéder à la noblesse, ils projettent de marier leur fille Daisy au vicomte Amédée des Tournelles, jeune binocleux affreusement bégayant et tenu ici par le désopilant Florian Cléret. La belle Daisy en pince toutefois pour son Jacques, les amis Pivoine et Ketty faisant tourner court les nobles fiançailles. Scandale en effet pour les parents des Tournelles – Claude Deschamps et Carole Clin, difficiles à décoincer tant ils paraissent figés dans leur raide noblesse – présents au Bandonéon où l’on danse un furieux tango argentin. Les trois danseuses et quatre danseurs s’animent sur les chorégraphies très réussies de Laetitia Antonin, également dans le tableau suivant au Ouistiti Club et ses rythmiques davantage Années folles, avec ceintures de bananes façon Joséphine Baker pour les dames.
Moult autres épisodes s’ensuivent : Amédée des Tournelles s’entiche de la ravissante Zézé – Estelle Danière qui danse et chante -, au point qu’il en perd son bégaiement et gagne grandement en assurance, Jacques devient un peintre reconnu et peut finalement aimer sa chère Daisy. De toute façon, les Trinchart ont perdu de leur superbe et ne peuvent plus vraiment s’opposer, Monsieur séjournant à l’ombre après avoir été ruiné par l’escroc Amadou.
Le public fredonne et bat régulièrement des mains au cours des airs défendus par une équipe en majorité de chanteurs-acteurs, incluant certaines figures régulièrement affichées à l’Odéon, en tête Carole Clin, Jeanne-Marie Lévy, Jacques Lemaire ou encore Antoine Bonelli. L’air le plus connu au cours de la première des deux parties, soit « Dans la vie faut pas s’en faire » extrait de l’opérette Dédé d’Henri Christiné, donne lieu par exemple à un joyeux chant collectif de la salle… folles joie et bonne humeur à nouveau réunies à l’Odéon !
F.J. Photos Christian Dresse
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