Dans cette page :
- Shower power,
- Suite française,
- Toi tu te tais,,
- Tonnerre dans un ciel sans nuage
- Trudi 1933 présent composé,
- Une histoire vraie,
- Un sac de billes,
- Un Picasso
Shower Power. Espace Alya, 22h05, 1h20. Relâche le 24/07. Spectacle musical. Tél. 04 90 27 38 23
Douche humoristique
Un groupe de 2 chanteuses et 4 chanteurs solides, formant la Compagnie Autour de Peter, a créé et interprète ce spectacle musical. Ils reprennent des standards africains ou des plus grands groupes et artistes. Ainsi, nous irons des Queen à Véronique Samson en passant par Mickael Jackson et tant d’autres, qui n’ont pas été choisis au hasard.
Certaines paroles sont modifiées, détournées, de façon tout à fait humoristique et pertinente. Tout est donné a capella : les différents instruments et autres effets de bruitage sont exécutés par l’un ou l’autre des artistes. Le tout est bien équilibré et mixé, grâce à Léo Denis, le régisseur son.
Les costumes sont tous en tissu éponge et les accessoires tout droit venus d’une salle de bain. Nous noterons l’importance du rideau de douche cachant un mystérieux fond de scène…
Les 6 compagnons ont également un jeu physique qui oscille entre élégance, et cocasserie. Ils nous réservent même quelques surprises dans la mise en scène.
Ce show n’est pas… une douche froide ! Pourtant, il est tellement rafraîchissant en pleine canicule ! Et surtout, il remet en forme, même à cette heure presque tardive.
Il est recommandé de réserver (N.A.)
Suite française, Balcon, 20h45, 1h15. Relâche les 9, 16, 23. Tél. 04 90 85 00 80. Vu en 2018. Et entretien avec Florence Pernel.
Toi tu te tais. Théâtre la Luna, 13h, 1h15. Relâche les 15 & 22. Tél. 04 90 86 96 28. Vu aussi en 2018. Spectacle musical
Les dérives de notre société
Qu’il est mystérieux ce Narcisse sur son affiche ! Il a même un faux air de Fantomas. Pourtant, le moment qu’il nous propose est tout à fait moderne et original. Cet auteur-compositeur-interprète a créé, avec Gérard Diggelmann comme metteur en scène, un spectacle particulièrement bien construit. La base en est la déclamation sous forme de slam. Avec cette expression, Narcisse dénonce de nombreuses dérives de notre société et le risque de déshumanisation en tant qu’ensemble d’individus. Le thème est sérieux et les mots tranchent, sans toutefois être agressifs. Une reprise de Brassens donne le ton. D’autres parties font penser à Raymond Devos, tant il y a de la finesse dans le choix de ses mots. L’acteur joue avec les rimes, les allitérations ou les assonances comme un jongleur. L’originalité du spectacle vient aussi du fait qu’il y a sur scène 9 écrans, lesquels sont beaucoup plus qu’un décor. En effet, Narcisse les touche, les déplace, les manipule selon ce qu’il veut nous transmettre en plus de ses mots. Sa maîtrise de l’outil est surprenante. Toi tu te tais pourra mener les adolescents et les adultes à une réelle réflexion. Il ne faudra pas oublier le jeune interprète qui officie à la guitare électrique. La plupart du temps, il brille par sa discrétion physique sur scène autant que par sa forte présence musicale. Encore cette fois, le Live humanise le propos de l’auteur. (N.A.)
Tonnerre dans un ciel sans nuage. Train bleu. 10h, 1h10. Jusqu’au 23/07, jours impairs. Théâtre contemporain. Tél. 04 90 82 39 06
Jeux de relations humaines, à partir de Tourguéniev
Quatre jeunes comédiens se regroupent pour monter une pièce de Tourgueniev. Ils en sont aussi les metteurs en scène. Et manifestement, le projet a beaucoup dérivé…
Ainsi, ce collectif nous livre l’évolution de leurs réflexions individuelles mises en commun. Cela donne une pièce caustique sur certaines relations humaines. Elle en montre parfois l’absurdité, comme la mise en place des règles de communication dans une société, aussi petite soit-elle. Thomas Cabel, Julia De Recke, Anthony Lozano et Coline Pilet sont pleins de dynamisme sur scène comme dans l’écriture. Les spectateurs sourient, rient franchement ou grincent des dents face aux différentes situations qui résonnent avec leur vécu. En effet, ce que le collectif « Mind the Gap » retient de son fonctionnement, nous pouvons le transposer avec nos propres expériences. Chacun des comédiens mène aussi une carrière indépendante, puisqu’ils ont tous plusieurs cordes à leur arc.
La mise en scène de Tonnerre dans un ciel sans nuage alterne entre un rythme lent, qui laisse le public réfléchir, et un rythme soutenu, qui l’amuse. Cette pièce, d’apparence légère, a du corps. (N.A.)
Trudi 1933, présent composé. Isle 80, 18h, 1h10. Relâche le 23/07. Théâtre. Tél. 04 88 07 91 68, ou 06 42 69 00 26
Histoire familiale, de femme en femme
Véronique Bret a écrit et interprète ce spectacle théâtral et de danse. Le sujet en est son histoire familiale à travers sa grand-mère, sa mère et elle-même à deux époques de sa vie. Chacune de ces femmes est une artiste au fort caractère, dont les relations sont évoquées par les mots et la gestuelle de Véronique Bret. Avec tout son cœur et tout son corps. Peu de temps mort pour reprendre souffle car l’actrice joue l’ensemble des personnages : une véritable performance dans laquelle elle exprime toute sa sensibilité. Les nombreux flashes-back, qui bousculent l’ordre chronologique, perturbent un peu la compréhension. On sent poindre l’auto-analyse. Pourtant, il y a une réelle mise en scène et chorégraphie dues conjointement à Denise Namura et Michael Bugdahn. A cela s’ajoute la projection d’images et d’enregistrement sonores d’archives, dont le montage est dû à Isabelle Girard et Michael Bugdahn.
C’est un spectacle contemporain, qui m’a rappelé les Dokumenta de Kassel ou plus proche de nous, Du vivant, collection Lambert. Les amateurs du genre penseront à réserver. (N.A. Photo W. Trojan)
Une histoire vraie. La Luna, 11h20, 1h05. Tel. 04 90 86 96 28
Un enfant dans le génocide arménien
Esteban Perroy, à la fois auteur et acteur, vient, un livre à la main, nous raconter une histoire, une histoire vraie. Mais cette histoire ne sera pas un joli conte, c’est celle du jeune Vahran, 5 ans, emporté dans le tourbillon du génocide arménien.
Les mots sont durs ; l’horreur de ce génocide nous est décrite avec force, la monstruosité des hommes nous est dépeinte sans rien nous épargner ; elle nous révolte, nous submerge. Pourtant au milieu de toute cette terreur, l’espoir est là, bien présent, à travers ces figures qui sauront rester humaines dans ce chaos : ce bourreau aux yeux verts qui épargnera l’enfant, ce Kurde, chef de tribu, qui le protègera, cette femme, devant qui le corps de son enfant vient d’être mis en pièce, qui sauvera Vahran et l’emmènera en France. Les mots savent alors être beaux et poétiques.
La mise en scène, signée William Mesguich, nous plonge littéralement dans la narration en nous faisant ressentir toutes les émotions de cet homme comme si nous étions lui. La vidéo, les lumières mais surtout le son permettent cette plongée immersive voulue. Le son, c’est d’abord celui du violon de Kordian Heretynski, présent sur scène, parfois derrière un rideau, qui accompagne, entoure, tantôt apaisant, tantôt angoissant. Mais ce sont aussi tous ces autres sons qu’entend Vahran : bruit des sabots, de l’eau qui coule, du vent… qui mettent tous nos sens en éveil.
Par ses mots de fin, Esteban Perroy nous montre que cette histoire, hélas, n’est pas propre à une époque, mais résonne toujours tristement aujourd’hui sur notre planète. Cette histoire en appelle à notre conscience collective, c’est une magnifique leçon de courage et d’espoir.
« Mais je te promets qu’au bout du chemin ton cœur cognera dans ta poitrine, que la flamme de l’espoir se mêlera à tes larmes et qu’à la fin du récit, ton envie de vivre sera décuplée ». Cette promesse qu’il fait, Esteban Perroy la tient magnifiquement. (S.T. Photo Etoile de la Lune).
Un sac de billes. Arrache-cœur, 13h10, 1h15. Relâche les 15 et 22 juillet. Tel. 04 86 81 76 97 ou 06 83 45 57 71
Au milieu des valises
Quelle belle adaptation de l’œuvre de Joseph Joffo que cette pièce ! James Groguelin est seul en scène et il va interpréter Joseph, qui vient nous raconter son histoire, mais aussi tous les autres personnages que celui-ci va rencontrer. Quelle brillante prestation d’acteur il nous livre, sachant être à la fois l’enfant joueur ou sérieux, mais aussi le nazi colérique ou le père inquiet ! Il sait nous faire ressentir toutes les émotions les plus fortes.
La mise en scène est originale et vraiment bien construite avec une belle ingéniosité. Le décor se compose de valises entassées les unes sur les autres, certaines sont libres et voyagent, d’autres sont attachées ensemble et sont déplacées en bloc tout au long de la pièce pour créer des lieux, définir des espaces, tandis que d’autres s’ouvrent et révèlent différents accessoires qui servent à la mise en scène : une radio, des tomates, une bouteille d’huile, un écran de cinéma même…
Cet amoncellement frappe dès l’entrée dans la salle car il n’est pas sans rappeler ces images horribles que l’on a tous en tête de ce monticule de valises découvert dans le camp d’Auschwitz. Et l’histoire est bien celle-là, celle d’un enfant juif pris dans la tourmente de l’Occupation, du port obligatoire de l’étoile jaune et des rafles mais c’est aussi l’histoire de toute sa famille. Lui échappera à l’horreur, mais pas son père, déporté et mort dans les camps.
Un très beau moment plein d’émotion qui rend un bel hommage à Joseph Joffo et à travers lui à tous ceux qui ont vécu ces moments douloureux de notre histoire. (S.T. Photo Arnaud Perrel).
Un Picasso. Chêne noir, 16h45, 1h15. Relâche les 8, 15 et 22 juillet. Tél. 04 90 27 86 74
Picasso pour sauver ses oeuvres
En 1941, dans un Paris occupé, attend un homme seul, dans un lieu rempli de caisses de tableaux. Cet homme, c’est Picasso, immédiatement reconnaissable car magnifiquement incarné par Jean-Pierre Bouvier. Il est très vite rejoint par Melle Fischer, attachée culturelle allemande qui commence un interrogatoire cassant et autoritaire. Elle lui demande d’authentifier trois de ses œuvres que les nazis ont volées à des propriétaires juifs.
Au début, Picasso, se prête au jeu et raconte même de manière précise où et quand il a composé ces œuvres : cela semble flatter son ego. Puis lorsqu’il comprend pourquoi elles doivent être authentifiées – faire un autodafé d’art « dégénéré » comme l’appelaient les nazis -, il va se battre pour sauver ses œuvres. Nous assisterons alors à un duel entre deux passionnés qui useront de tous les moyens, jusqu’aux plus inattendus, pour arriver à leurs fins. La pièce de Jeffrey Hatcher, très bien construite, ménage de la tension et du suspense tout en défendant une vision de l’art. La mise en scène de Anne Bouvier est dynamique et met en valeur ce duel, ce combat presque animal entre ces deux personnages.
Jean-Pierre Bouvier joue avec un immense talent ce Picasso, imbu de lui-même, sûr de son génie, méprisant ses collègues peintres, machiste et en même temps séducteur avec les femmes. Sylvie Roux n’a rien à lui envier car elle aussi a beaucoup de présence sur scène et affronte avec passion cet artiste qu’elle admire en fait depuis son enfance. Au début aucun d’eux ne trouve grâce à nos yeux, mais ils finissent par nous toucher tous les deux.
Un grand moment de théâtre, puissant et fort. (S.T. Photo Mickaël Adelo)
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