Un double événement
Festival de Pâques. www.festivalpaques.com Aix-en-Provence, Grand Théâtre de Provence. Mardi 6 avril, 20h30
Martha Argerich, piano. Daniel Barenboim, piano
Wolfgang Amadeus Mozart : Sonate pour piano à quatre mains en do majeur, K. 521. Claude Debussy : Les Épigraphes antiques. Georges Bizet : Jeux d’enfants, op. 22
La venue de l’un ou l’autre est déjà un évènement en soi, alors la présence commune de Martha Argerich et Daniel Barenboim est un double évènement pour le Festival de Pâques d’Aix-en-Provence. Les deux immenses artistes de nationalité argentine sont amis d’enfance depuis leurs jeunes années passées à Buenos Aires, autant dire qu’un lien très particulier les unit, aussi bien personnel que musical.
C’est Martha Argerich qui prend place à la gauche du clavier pour la Sonate pour piano à quatre mains en do majeur de Mozart, Daniel Barenboim se chargeant du registre aigu, dont la virtuosité dans le premier mouvement Allegro puis le troisième Allegretto est particulièrement mise à l’épreuve. Le mouvement central en Andante paraît faire revivre Mozart, une douceur mélodique et poétique à la cadence idéalement rythmée.
Les six Epigraphes antiques de Claude Debussy qui suivent se situent en majorité dans une ambiance de douce rêverie (la 1e), teintée par moments d’un mystère aux accents de son opéra Pelléas et Mélisande (les 2ème et 3ème). Le compositeur sait en tout cas installer dès ses premières notes l’atmosphère sonore, et l’on y admire l’art suprême du toucher chez les deux interprètes.
Les douze numéros qui composent Jeux d’enfants de Georges Bizet sont extrêmement suggestifs, chaque titre étant illustré musicalement avec efficacité, et parfois un humour bienvenu. L’Escarpolette (n°1) correspond à un jeu à deux sur toute la largeur du clavier, comme l’amplitude des mouvements d’une balançoire ; ça tourne en effet dans La Toupie (n°2), puis La Poupée (n°3) évoque de près une comptine pour enfant.
Les Chevaux de bois (n°4) sont pleins d’agitation, tandis que Martha Argerich passe à droite pour Le Volant (n°5), il en sera de même pour Le Bal (n°12), très virtuose et qui nous transmet une joie de jouer communicative. Entretemps, le n°6 Trompette et tambour est cadencé comme une marche militaire, Les Bulles de savon (n°7) ont un air badin, le n°8 – Les Quatre coins – s’accélère comme une petite chevauchée. Après le gentillet Collin-Maillard (n°9), Saute-mouton (n°10) demande plus de profondeur et de virtuosité, tandis que Petit mari, petite femme (n°11) verse davantage dans le romantique. Au bilan, ces courtes vignettes musicales sont rendues avec goût, efficacité et expressivité par les deux artistes.
F.J.
Photos Caroline Doutre
Вадим dit
The reason for this wholesale change is a mystery. Still, since it meant we had two living legends for a full evening rather than half of one, few but the most vehement disciples of the German composer would complain. Kindred keyboard spirits, both born in Buenos Aires in the early 19, Argerich and Barenboim are among the most celebrated living exponents of their instrument – and now at last they have played together in Aix. A previous duo appearance at the 2018 Festival de Paques was aborted when Barenboim fell ill; in 2021 it’s a miracle either of them appeared at all, let alone squished together at a single keyboard, cheek by jowl and maskless. All the music in their joyous concert was composed to delight the ear, and during a distressing pandemic there can be no higher calling. Barenboim played