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Mardi 25 juillet 2023, 17h, Auditorium du Centre Marcel Pagnol, Festival International de Piano de La Roque d’Anthéron ((site officiel et notre présentation)
Marie-Catherine Girod, piano
Fanny Mendelssohn-Hensel, Das Jahr, douze pièces caractéristiques pour piano
Belle découverte que ce cycle complet
Cette année encore, le Festival de piano de La Roque d’Anthéron avait dédié une journée aux compositrices, intitulée « Regards de femmes » (voir aussi notre compte rendu, NDLR) Nous avons, pour notre part, jeté notre dévolu sur le récital que proposait Marie-Catherine Girod, avec au programme les douze pîèces – chacune illustrant un mois de l’année – suivies d’un court postlude, composant le cycle « Das Jahr » (l’année), de Fanny Mendelssohn-Hensel. Pourquoi ce choix ? M’avaient interpellé et intéressé, en août 2021, les quatre extraits que David Kadouch avait donnés, à La Roque même, de ce cycle (voir notre compte rendu). L’écoute de l’œuvre entière s’imposait donc.
Tout le monde sait que Fanny Mendelssohn (1805-1847) était la sœur de Félix. Moins nombreux sont ceux qui savent qu’elle était mariée au peintre Wilhelm Hensel (1794-1861). Pianiste et compositrice, elle a principalement écrit des lieder, dont une vingtaine sur des poèmes de son mari, et des pièces pour piano. On compte cependant une sonate pour violoncelle et piano, un trio, deux quatuors, cinq compositions pour orchestre, voix solistes et chœur, dont trois cantates.
Avant d’entreprendre son récital, Marie-Catherine Girod prit la parole pour présenter rapidement ce que fut la composition de ce cycle, réalisée en 1841, soit 35 ans avant Les Saisons de Tchaïkovski, qui illustrent, elles aussi, les douze mois de l’année. Il s’agissait là d’une première version, Fanny Mendelssohn ayant par la suite retravaillé plusieurs fois son œuvre, notamment le mois de juin qui bénéficia d’une seconde version. La première audition de l’ensemble de l’œuvre modifiée, version choisie ce jour par Marie-Catherine Girod, ne fut donnée qu’en 1997 à Berlin.
Longue d’une quarantaine de minutes, elle ne lasse pas, alternant une grande variété de genres musicaux (scherzo, prélude, choral, caprice, chant sans parole, sérénade, barcarolle) et de mouvements, du larghetto au presto. La composition ne se limite pas à une succession de numéros, certains mois sont enchaînés, d’autres plus individualisés.
Dans le petit auditorium du Centre Marcel Pagnol, favorisant une atmosphère intime et appropriée à l’écoute de ces pièces, Marie-Catherine Girod, qui, par ses choix de répertoire, promeut volontiers les compositrices, mais aussi les compositeurs moins connus ou plus rarement joués, nous a offert une version engagée et convaincante de l’œuvre. Sous un doigté clair et précis, sachant courir alerte ou égrener des notes délicates, elle a su exprimer les climats, les nuances, douceur, rêverie, nostalgie, recueillement, joie, élans passionnés. On restera, dans ces climats, étonné du peu de joie qu’exprime la compositrice dans les mois de juin et juillet. Juin est une sérénade au joli thème empreint de nostalgie, juillet un larghetto qui tend à la méditation intérieure, et même laisse comme un sentiment d’accablement. Août, heureusement, sautillant et gai, plus énergique et brillant, retrouve la joie. Octobre retrouve cette énergie, et septembre, sur le fleuve, rend bien l’écoulement de l’eau. Quant à décembre, jolie course des doigts sur le clavier et fin délicate.
C’est sur le sentiment d’une belle découverte que s’est conclu ce récital et nous devons savoir gré à Marie-Catherine Girod d’avoir si bien défendu ce cycle qui mérite largement d’être tiré de l’oubli et d’être plus présent dans les programmes.
B.D. Photos Valentine Chauvin
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