43e Festival International de Piano de La Roque d’Anthéron (site officiel et notre présentation)
Parc du Château de Florans, La Roque d’Anthéron le 25 juillet 2023
Concert « Regards de femmes » : Augusta Holmès, Marie Jaëll, Louise Farrenc
Orchestre National Avignon-Provence. Direction musicale, Debora Waldman. Piano, Célia Oneto Bensaid
Holmès, « La Nuit et l’Amour », extrait de Ludus pro patria. Jaëll, Concerto pour piano n°1 en ré mineur. Farrenc, Symphonie n°1 en ut mineur opus 32
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« Les femmes à l’honneur »
La défense des compositrices qui sommeillent dans les oubliettes de l’histoire de la musique est une cause très chère à la cheffe Débora Waldman, directrice musicale de l’Orchestre national Avignon-Provence depuis 2020, et d’ailleurs première femme à accéder à un tel poste en France. C’est elle qui exhumait en 2019 la Symphonie Grande Guerre de Charlotte Sohy, symphonie « oubliée » à laquelle elle a également consacré un livre. Elle prenait aussi part cette année, aux côtés de nombreux autres chefs, musiciens et chanteurs, à la publication du coffret « Compositrices » (édition du Palazzetto Bru Zane en 8 CD pour plus de 10 heures de musique), dans lequel on retrouve Augusta Holmès, Marie Jaëll et Louise Farrenc programmées ce soir.
« La Nuit et l’Amour » d’Augusta Holmès est une courte pièce, de cinq minutes environ, qui forme une sorte de prélude aux parties plus longues qui suivront. On y entend une musique romantique, un peu sucrée par instants avec la harpe et la flûte qui précèdent de longs accords aux cordes, comme un passage qu’on pourrait extraire d’une opérette… et pourquoi pas viennoise d’ailleurs !
La pianiste Célia Oneto Bensaid – très sollicitée cet été par de multiples festivals – prend le micro pour introduire le morceau qui suit : Marie Jaëll (1846 – 1925) était une compositrice française, élève de Camille Saint-Saëns et protégée de Franz Liszt. Dans ce Concerto n°1, la partie du piano est en effet très développée et exige endurance et virtuosité. Les orchestrations sont de belle allure, proposant souffle et profondeur, mais de jolies mélodies sont détaillées à d’autres moments, spécialement par les solistes aux bois. L’équilibre entre la pianiste et les musiciens de l’ONAP est harmonieux, dans de beaux échanges en dialogue, Debora Waldman restant très attentive à la coordination rythmique en tournant très souvent son regard vers la soliste. Oscillant entre petites phrases délicates et passages plus agités et rapides, ce concerto se termine en un finale brillant.
Célia Oneto Bensaid accorde deux bis dans la foulée, extraits des 18 pièces pour piano composées par Marie Jaëll, d’après une lecture de Dante : « Dans les flammes » – où l’on imagine sans peine la flamme qui ondoie… pendant que le vent souffle avec énergie dans les arbres qui environnent l’amphithéâtre du parc de Florans ! –, puis « Poursuite » pour terminer.
Après l’entracte, la Symphonie n°1 de Louise Farrenc sonne très mozartienne, par la variété de ses orchestrations et sa grande inspiration mélodique. Le premier mouvement en Andante sostenuto – Allegro nous évoque en effet très vite le maître de Salzbourg, en particulier pour ce qui concerne l’écriture pour les bois, qui se passent les mélodies de pupitre en pupitre, puis on apprécie le moelleux de la direction et l’adéquate restitution par l’orchestre de l’adagio cantabile qui suit. Le troisième mouvement en Minuetto – Moderato est gentiment dansant, avant l’Allegro assai conclusif, où les cordes doivent faire preuve de rapidité d’exécution.
Pour répondre aux applaudissements nourris, Debora Waldman et sa formation reprennent le finale de la Symphonie.
F.J. Photos © Valentine Chauvin
On trouvera sur Facebook (Gens de Provence) une jolie interview de Débora Waldman à propos de ce concert.
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