Mangova, El Bacha, Foster et l’OPM : un quatuor gagnant
Festival de La Roque-d’Anthéron. Lundi 26 juillet 2021
Plamena Mangova, Abdel Rahman El Bacha, pianos
Orchestre Philharmonique de Marseille. Lawrence Foster, direction
Mozart, Concerto pour piano et orchestre n°9 en mi bémol majeur K. 271 « Jeune homme »
Mozart, Concerto pour piano et orchestre n°26 en ré majeur K. 537 « du Couronnement »
Nul doute que le public était impatient de se retrouver dans ce lieu magique qu’est la scène du Parc Florans ; pour sa 41e édition, le Festival International de Piano de la Roque d’Anthéron, réunit comme toujours des interprètes d’exception. Ce 26 juillet, l’orchestre philharmonique de Marseille nous offre deux concertos lors d’une soirée Mozart, sous la houlette de Lawrence Foster, chef d’orchestre né à Los Angeles.
Plamena Mangova arrive la première sur scène pour retrouver la partition qui a fait d’elle en 2007, la lauréate du Concours Reine Elisabeth : le concerto n°9 en mi b Majeur K271 « Jeune Homme ». Cette pianiste bulgare, est devenue depuis lors une concertiste de renommée internationale. (Voir notre entretien)
Une fois au piano, son jeu vif et précis s’adapte à la variété des climats sonores recherchés par le compositeur. On peut regretter une trop grande présence des cuivres ! Dès le premier mouvement, nous assistons à un dialogue ininterrompu entre le piano et l’orchestre. Trilles, arpèges nous amènent vers un second mouvement très différent : L’andantino s’ouvre sur une phrase plaintive, l’artiste impose un style élégant et expressif tout en maintenant une fermeté rythmique qui se déploie dans le presto. Ces pages révèlent une mozartienne confirmée.
Devant l’ovation qui lui est faite, la pianiste ne peut que se remettre au piano ! Elle offre alors le Nocturne de Chopin n°20 en ut dièse mineur. Avec une grande sensibilité, Plamena Mangova communique son émotion d’une grande intensité à un public subjugué par son interprétation.
Abdel Rahman El Bacha assure la prestation de la seconde partie de la soirée avec le Concerto n°26 de Mozart K 537 dit « le Couronnement », composition datant de 1788 pour le couronnement de Léopold II.
Le pianiste que nous connaissons bien est un fidèle de La Roque d’Anthéron (voir nos publications et entretiens antérieurs). Abdel Rahman El Bacha joue comme toujours sur un Bechstein, son piano favori et ce, sans partition.
On le voit particulièrement à l’aise, heureux même de rencontrer le public ! cette joie se ressent dans son interprétation.
Après une longue introduction de l’orchestre, le pianiste fait son entrée. En un élan plein d’énergie qui prélude à un dialogue animé on retrouve le thème principal. Nous sommes dans une ambiance brillante et élégante. Le soliste capture l’essence, la beauté et la qualité de style galant de ces pages.
Dans le larghetto, le thème exposé par le pianiste est repris par l’orchestre ; il s’agit d’un thème plein de tendresse qui s’égrène comme une mélodie enfantine. L’allegretto d’une vivacité légère nous entraîne dans un dialogue avec l’orchestre, le pianiste fait assaut de virtuosité avec un jeu d’une finesse et d’une légèreté radieuse. Sa lecture de Mozart est un enchantement. L’ovation du public le ramène au piano pour un bis signé Mozart encore, avec une petite pièce surprenante de modernité : la « Petite gigue en sol majeur K574 », une œuvre dédiée à J-S Bach, un bijou de composition avec ses harmoniques aventureuses et ses syncopes enlevées. Mais nous n’en restons pas là : devant l’insistance du public, le pianiste ne peut que s’exécuter et se remettre au piano pour son propre arrangement de « Parlez-moi d’amour », une chanson de Lucienne Boyer (1930) ; Sans nul doute, c’est d’Amour qu’il s’agit entre le public et ce pianiste-compositeur.
D.B. Photos Valentine Chauvun
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