Un moment de grâce
Dimanche 14 janvier 2024, 17h, Conservatoire du Grand Avignon – Amphithéâtre Mozart
Dans le cadre de la saison de Musique Baroque en Avignon
Lucie Horsch, flûte à bec. Bertrand Cuiller, clavecin
« Fantaisies musicales »
Dario Castello. Sonata seconda. Nicola Fiorenza, Sonate en la mineur. Jacob van Eyck, « Le rossignol anglais » (flûte à bec solo). Anna Amalia de Prussia, Sonate en si bémol majeur. Johann Sebastian Bach, Prélude et Allemande, Suite anglaise ; BWV 808 (clavecin solo). Johann Sebastian Bach, Sonate en mi majeur BWV 1035. Joseph Bodin de Boismortier, Sonate en sol majeur, opus 91 n°3. Jean-Philippe Rameau, « Les Cyclopes » (Pièces de clavecins, 1724). Georg Philipp Telemann, Fantaisie n°7 « à la francese » ; TWV 40 : 8 (flûte à bec solo). Georg Philipp Telemann, Sonate en do majeur TWV 41 : C2
En co-réalisation avec l’Opéra Grand Avignon
Tarif général : 20€. Adhérents Musique Baroque et groupes +10 personne : 16€. Jeunes –18 ans, Etudiants –25 ans, Handicapés, demandeurs d’emploi : 8€. Pass Culture (au guichet le soir des concerts) : 5€. Réservations sur www.operagrandavignon.fr
Voir aussi toute la saison de Musique Baroque en Avignon
Voir aussi nos entretiens avec Lucie Horsch et Bertrand Cuiller.
Musique Baroque en Avignon (site officiel) ouvre l’année 2024 avec le 4e concert de sa saison, après Victor Julien-Laferrière et Justin Taylor en octobre, la Chimera et Zachary Wilder en novembre, Christophe Rousset avec les Talens lyriques et Sandrine Piau en décembre.
L’association accueille en ce début d’année la jeune étoile montante Lucie Horsch (23 ans), virtuose de la flûte à bec, déjà invitée sur les plus grandes scènes européennes ; à ses côtés, le claveciniste Bertrand Cuiller, fondateur de l’ensemble Caranvansérail, et qui avait magnifiquement dirigé Rinaldo de Haendel en novembre 2022 à l’Opéra Grand Avignon.
« C’était une journée […] froide et claire », comme dans l’incipit du fameux 1984 de George Orwell. Un dimanche presque aussi froid à l’intérieur du Conservatoire qu’à l’extérieur. Et pourtant – magie de cette musique baroque qui chante, qui danse, qui vous soulève -, à la fin du concert on avait presque oublié la température, sauf sans doute les artistes.
Et, si le public a cru que Lucie Horsch et Bertrand Cuiller se connaissaient depuis longtemps, tant leur complémentarité, leur écoute mutuelle, leur complicité artistique étaient évidentes, il assistait pourtant à l’acte de naissance de leur duo. Un duo que l’on a fort envie de réentendre.
Le programme, validé par les deux sur proposition de Lucie, menait une flânerie fantaisiste et subtile à travers des territoires multiples.
Quatre flûtes différentes ont jalonné le parcours. Un instrument soprano « Ganassi » en buis blond avec ébauche de pavillon ; « idéal pour la Renaissance et le début du baroque » selon l’interprète, il permet une brillante virtuosité pour Castello (une des pièces les plus familières à l’interprète), et de belles attaques pour la Sonate en mi mineur de Bach, initialement écrite en fa majeur pour traverso. Ainsi que la jolie Sonate composée par Anna Amalia de Prussia, qui partageait avec son frère Frédéric II de Prusse le goût et le talent de la musique.
Une flûte alto baroque, en érable noir venu tout droit du Japon, donne à la Sonate de Firenza, et au solo de Telemann (magnifique Fantaisie n°7 « alla francese ») une sonorité ronde et d’une couleur plus sombre ; « avec une simple flûte à bec », s’amuse Lucie Horsch, mais un large ambitus, c’est presque un orchestre qu’elle fait jaillir dans des envolées à plusieurs voix.
C’est un sopranino en ivoire qui fera s’envoler les trilles du « rossignol anglais » de Jacob van Eyck, « presque colorature ».
Et une fine flûte soprano, en érable noir, lui aussi du Pays du Soleil Levant, cisèlera les rythmes dansants de la Sonate de Boismortier, dialoguant avec la puissance dynamique du clavecin, dont la main droite réussit des croisements d’une extrême virtuosité.
En deux solos de flûte et deux solos de clavecin, et huit duos, on a pu admirer l’immense talent de la jeune flûtiste de 23 ans, dans le souffle et le doigté, une virtuosité et une sensibilité remarquées depuis déjà de longues années par les spécialistes ; ainsi que la fougue et l’élégance de l’éblouissant claveciniste, tant en accompagnateur qu’en solo.
Et le bis fut salué avec plus d’enthousiasme encore, quand Lucie Horsch offrit un Ombra mai fù (extrait de Serse de Haendel, 1738) d’une charmante couleur de mezzo, pimentée d’aigus affirmés.
Une soirée comme un moment suspendu, un instant de grâce, au coeur d’une saison jalonnée de pépites.
Prochain concert de Musique Baroque en Avignon : Lucile Richardot (mezzo-soprano) et Jean-Luc Ho (clavecin), dimanche 11 février 2024, 17h, lieu à définir.
G.ad. Photos G.ad.
RD dit
Magnifique concert !
R.D.
Classique dit
Merci pour votre commentaire. Très beau concert en effet, délicat, raffiné, comme chacun des programmes de cette saison pour MBA.
Nous vous donnons rendez-vous au concert suivant, dimanche 11 février 2024.
Cordialement,
G.ad.