Un tiercé gagnant : un orchestre, un soliste, un chef
Voir aussi la présentation de saison
L’Orap en tournée régionale : « Haydn et compagnie ».
Vendredi 26 septembre 2020, L’Autre Scène, Vedène
Orchestre Régional Avignon-Provence. Direction, Debora Waldman. Violon, Cordelia Palm
Richard Dubugnon, Caprice IV, Es Muss sein ! , hommage à LV Beethoven. Wolfgang Amadeus Mozart, Concerto n°5 en la majeur pour violon et orchestre K.219. Joseph Haydn, Symphonie n°104 en ré majeur dite «Londres»
Réservations auprès de l’Opéra Grand Avignon
Ce ne sont pas encore les concerts d’abonnement, qui ne commenceront que le vendredi 6 novembre, mais un beau début de saison pour l’Orchestre Régional Avignon-Provence en belle forme.
Après des interventions à Bollène, Martigues, Vedène, l’Orap a donné un programme « Haydn Cie » à Saze (vendredi), Vedène encore (samedi, nous y étions) et Sauveterre (dimanche). Au pupitre un chef, en solo un violon, tous deux de grande classe.
Ce sont deux femmes, mais au-delà de la récente effervescence médiatique, favorable d’ailleurs, qui a salué la nomination de Debora Waldman, première baguette féminine en France nommée directrice/directeur musical(e) à la tête d’un orchestre permanent, c’est le terme générique plus que le sexe biologique qui compte.
Avec une élégante vigueur, Debora Waldman a donc dirigé une formation de belle facture ; sobriété jusque dans le port de tête, souligné d’un strict chignon travaillé, et sobriété dans la battue précise. Elle sait tirer de l’orchestre, avec une complicité et une exigence bienveillante, toutes les nuances d’une partition.
Cordelia Palm, violon super solo de la formation avignonnaise, a offert une interprétation virtuose du 5e Concerto de Mozart, se jouant avec maestria des acrobaties techniques ; souple, agile, son jeu donne à Mozart toute sa subtilité et sa grâce toujours juvénile, avec des aigus d’une légèreté diaphane, et un vibrato à frémir, notamment dans les longues parties solo.
Dans le bis, d’un compositeur suédois, le violon a entraîné cordes, cors, basson, clarinette, dans une expressivité de bon aloi…
En seconde partie, l’Orap, avec Sophie Saint-Blancat en 1er violon, a donné la dernière des 104 symphonies du prolifique Joseph Haydn (1732-1809), dite « de Londres » (en ré majeur, 1795), qui avait remporté à sa création au King’s Theatre un succès immédiat, où le compositeur avait dirigé du pianoforte. Etonnement pour ceux qui ne la connaissaient pas : n’est-on pas plutôt chez Beethoven ? Cette belle symphonie contient en germe tout ce qui va éclore ensuite, irriguée néanmoins par un baroque fougueux ; c’est du moins l’heureuse lecture qu’en proposent Debora Waldman et l’Orap.
Et en ouverture, un « Caprice », une courte pièce composée par Richard Dubugnon il y a 3 ans pour Debora Waldman elle-même, et dont les clefs d’écoute ont été données par le compositeur en personne, présent, quinquagénaire suisse installé en France, prolifique et multi-récompensé ; des contrebasses et contrebasson particulièrement sollicités, aux aigus stridents de la flûte et des cordes – acoustique trop dure de la salle ? – à la clarinette, ce 4e Caprice développe malgré sa brièveté un univers multiple. Le compositeur avait d’ailleurs plaisanté – mais est-ce vraiment un trait d’humour ?- sur la situation des compositeurs actuels : « on nous demande toujours des pièces courtes, que l’orchestre expédie vite en début de concert ; oui, mais nous, nous avons envie d’écrire des symphonies, de construire une grande œuvre ; comment pouvons-nous le faire à partir de pièces courtes ? » Bon sang, mais c’est bien sûr…
Les règles sanitaires sont respectées, le public est en sécurité : gel, petite demi-jauge (environ 120 personnes sur 400 ?), sens de circulation, masque, coup de coude en guise de congratulation sur scène ; de surcroît, le chef de salle et ses acolytes font réajuster illico les quelques masques qui s’abandonnent en cours de soirée… Mais c’est comme si le cœur n’y était pas tout à fait, comme si un voile invisible pesait encore sur les épaules, comme si l’on s’excusait presque d’être là alors que le monde va si mal au-dehors…
La prochaine étape de l’orchestre sera la « Promenade orchestrale », un nouveau cycle de rencontres gratuites pour découvrir le monde de l’Orchestre. Lancement vendredi 2 octobre, 18h30-19h30, médiathèque Ceccano, entrée libre et gratuite (jauge limitée à 25 personnes).
G.ad. Photos G.ad.
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