Patrick Chesnais : lettres d’amour
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Il entre en scène. Il ne joue pas. Il est ce comédien de grand talent, cet homme face à lui-même, et face à nous. Un visage, une présence. A la main, il tient quelques feuillets, ces « lettres d’excuses » qu’il a écrites l’an dernier, publiées sous forme de recueil aux éditions L’Archipel. Dans une mise en scène sobre, entre un bureau et un lutrin, Patrick Chesnais vient nous livrer quelques-unes de ces lettres. Sans fard, avec une absolue sincérité, doublée d’une grande pudeur, il s’adresse à ceux qu’il aime, ceux qu’il a aimés, mais aussi à la vie, à Paris, au Covid…. A tout seigneur tout honneur, dit-il, il s’adresse d’abord à Ferdinand, son fils disparu dans un accident de voiture : « Toi, tu auras toujours tes vingt ans magnifiques. Je m’excuse de vieillir ». Puis à sa grand-mère, Mémé de la Garenne, au petit matin synonyme de réveil blafard face au miroir. Déroulant toute une palette d’humeurs, de moments tristes et gais, il nous confie ses imperfections, ses bévues, ses lâchetés. On rit aux éclats au récit de « quelques moments regrettables », comme cette représentation théâtrale où, spectateur, il fut pris d’une irrépressible envie d’uriner. On a le cœur serré à l’évocation de dialogues avec sa mère, vivant ses dernières années dans une maison de retraite à Arcueil. : « Ça va mon petit ? Ça va maman, et toi ? J’attends. » Qu’on ne s’y trompe pas, ces lettres d’excuses sont des lettres d’amour, fort bien écrites. Grand acteur et homme blessé, il y répertorie « tout ce qui l’empêche d’être un homme parfait ». Une mise à nu émouvante.
Carina. Photo Emmanuel Faure
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