Mais qu’allions-nous donc faire dans cette galère ?
Musique, Alexandros Markéas. Textes, Pierre Senges. Mise en scène et scénographie, Stephan Grögler. Assistant à la mise en scène, Bénédicte Debilly. Assistant décor, Cléo Laigret. Costumes, Annick Amirat et Stephan Grögler. Perruques, Sandrine Degioanni. Lumières, Bartolo Filippone. Comédien, Dominique Pinon. Chanteurs Gaëlle Méchaly et Paul-Alexandre Dubois
Quatuor Opus 333 : tuba français/ alboka, Vianney Desplantes ; tuba français/ ophicléide, Corentin Morvan ; tuba français, Jean Daufresne ; tuba français/ accordéon, Patrick Wibart
Percussions, Rémi Durupt, Renaud Cholewa
Heureusement, la saison 2021-2022 à l’Opéra Grand Avignon a pu s’enorgueillir par ailleurs d’excellentes productions, dans des genres aussi différents que Peter Grimes, ou le quatuor de sax, ou Pitch, ou George Dandin, ou Emmanuelle Bertrand, pour n’en citer que quelques-uns.
« Une soirée perdue : ce n’était que Molière », s’amusait finement un certain Musset… Pour nous, nous nous arrêterons à la première moitié de la phrase…
Nous avons vainement cherché le double sens à ce fatras où la « galerie des monstres » expose au même titre Dracula, Richard III – rôle éponyme que Dominique Pinon a par ailleurs endossé sur diverses scènes – et « la dame qui double tout le monde dans une file », aussi bien que Quasimodo – sur un air de tango ! – ou l’affreux-sale-inculte-et-méchant, candidat au don de sperme ! Et quant à la prétendue analogie avec le cinéma italien des années 60, ne se réduit-elle pas au titre ?
Pendant une heure et demie, le grotesque le dispute à l’inintelligible, dans une lourdeur assassine qui contraste cruellement avec un dossier de présentation alléchant ; « on peut rire de tout, mais… », avertissait Pierre Desproges. Sauf à demeurer définitivement imperméable à tout humour, je ne peux croire, en ces temps terribles de recrudescence de la Covid et de guerre ignoble depuis trois semaines en Ukraine, je ne peux croire raisonnablement que l’on puisse laisser à la porte du théâtre ces tragédies ; et rire indistinctement et le cœur léger, de l’euthanasie, de l’eugénisme, de la pédophilie dans l’Eglise, au risque de s’en faire complice implicite.
Même les accessoires et les costumes sont du plus parfait ridicule. La pseudo-soprano ferait éclater tous les Sonotones et le prétendu baryton peine à trouver le ton juste… s’il y en a un ! La partition d’Alexandros Markéas – ancien pensionnaire de la Villa Medicis tout de même -, avec un quatuor de saxhorns tonitruants, frères Jacques désenchantés, serait peut-être intéressante à découvrir dans un autre contexte, mais elle ajoute ici au désordre ambiant – même si j’ai entendu fuser des rires autour de moi -.
On se demande comment Dominique Pinon – à l’impressionnante carrière théâtrale et cinématographique, avec un Molière et un César -, s’est fourvoyé dans ce divertissement de (mauvaise) colonie de vacances, en acceptant un « sketch-opéra » aussi indigent, et une mise en scène de Stephan Grögler, qui avait déjà plombé un Mozart (un comble !) en octobre 2018 à l’Opéra Grand Avignon.
Heureusement, la saison 2021-2022 à l’Opéra Grand Avignon a pu s’enorgueillir par ailleurs d’excellentes productions, dans des genres aussi différents que Peter Grimes, ou le quatuor de sax, ou Pitch, ou George Dandin, ou Emmanuelle Bertrand, pour n’en citer que quelques-uns.
Ce soir, nous n’étions guère que quelques dizaines dans la salle, et il n’est pas certain que la représentation dominicale du lendemain fasse meilleur score, ni que le public familial soit plus réceptif. Ce soir du moins, ceux qui ne sont pas venus ont eu raison…
G.ad.
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