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Les Halles, 11h, durée : 1h25. Du 7 au 26 juillet, relâche les 13 et 20 juillet. Réservations au 04 32 76 24 51
Les mots de Semprun, mais en-deçà de l’émotion
Choisir de mettre en scène ce texte de Jorge Semprun, survivant de Buchenwald, c’est entretenir sa mémoire et celle de tous ceux qui sont morts par la Shoah. Mais ce texte n’est pas écrit pour le théâtre et l’adaptation ne permet, hélas, pas de rendre toute l’émotion que l’on aurait attendue. On pouvait imaginer que le texte se suffise à lui-même, tant il est fort et puissant, mais les choix de mise en scène, que nous n’avons pas toujours compris, nous perdent plus qu’ils ne nous guident.
Pourquoi cette femme masquée, cachée derrière une sorte de mur et qui avance tout au long de la pièce ? Elle attire notre regard mais ne fait pas vraiment sens et nous détourne plutôt de notre écoute du texte. Est-ce l’âme des disparus ? L’autre femme masquée semble représenter la mort qui rôde autour de Semprun dans le camp, elle se meut parfois comme une araignée qui veut dévorer sa proie, mais elle récite aussi le Kaddish. Des rôles qui semblent contradictoires.
Le texte de Semprun est lu sans être interprété, une lecture qui peut nous émouvoir tant les mots et les horreurs racontées sont bouleversantes, mais on reste dans une attente. Autre interrogation : deux acteurs se renvoient la parole, dans une sorte de souffle échangé, soit ; mais l’un parle hongrois et l’on ne sait pas très bien si ce qu’il dit exprime les paroles prononcées par ces Hongrois croisés dans les camps par Semprun ou les mots de Semprun lui-même, repris dans une autre langue.
« Parler est impossible, se taire est interdit » : ces mots conclusifs nous rappellent toute l’importance de continuer à porter cette mémoire, à l’heure où les survivants encore en capacité de témoigner sont si peu nombreux. Dommage que les choix faits tant dans la découpe du texte que dans la mise en scène ne permettent pas de donner aux mots de Semprun toute leur force tragique et leur tension émotionnelle.
Sandrine. Photo Vincent Belanger
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