« O Fortuna mundi ? »
Voir tous nos articles
Voir nos pages spéciales : Molière & Jean-Philippe Daguerre
Théâtre du Chien qui fume. 12h35, durée 1h35. Du 7 au 30 juillet ; relâche lesc12, 19, 26 juillet. Réservations 04 84 51 07 48.
Le Voyage de Molière est une pièce originale, jouée par 8 comédiens pleinement engagés, dont deux musiciennes – violoniste et violoncelliste -. Platement résumée, la pièce raconte la « montée » de la troupe de Molière de Pézenas à Paris et la reconnaissance officielle de la carrière d’un Jean-Baptiste Poquelin devenu peu à peu Molière. Mais on suit l’aventure de l’intérieur, partageant les doutes, les enthousiasmes, les intérêts individuels, les petites compromissions, les trahisons, la solidarité au sein d’une troupe de province. On voit s’imaginer, s’écrire et se jouer, quelques répliques, quelques scènes, de la Jalousie du Barbouillé, du Dépit amoureux, du Bourgeois Gentilhomme, de Tartuffe… On ne sait si les auteurs n’ont écrit que le fil rouge, ou s’ils ont eux-mêmes suggéré à Molière ses propres mots !
Et l’idée piquante est l’irruption dans la troupe d’un tout jeune apprenti comédien, venu de l’extérieur, auquel le spectateur peut facilement s’identifier. Quant à la peste de…, censée empêcher les représentations à Béziers, il va de soi que toute ressemblance avec une situation récemment connue ne pourrait être que fortuite, assurément !!!!
De surcroît, celui qui va se faire accepter et devenir Léandre, est à l’origine Léo, un ado du XXIe siècle, qui a enfilé un pourpoint sur son jean pour passer une audition de théâtre. Le voilà projeté au milieu de la troupe, et intégré à sa vie. Sur les anachronismes – et les anglicismes – repose une bonne partie de l’inévitable jubilation, et nous ne les déflorerons pas, comme on peut le comprendre. Nous ne dévoilerons pas non plus la clef de cette mise en perspective des deux époques. Réflexion sur le cours de l’histoire, que l’on trouve aussi chez Italo Calvino et tant d’autres – connaître l’avenir autorise-t-il à changer le cours de l’histoire -?
La mise en scène, joyeuse, tonique, colorée, joue habilement sur une roue mobile (O Fortuna Mundi ? roue de voiture comme métonymie du voyage ? ou rotondité du monde et d’un temps cyclique ?) et sur des tréteaux de comédiens ambulants.
Le Voyage de Molière c’est aussi, en situation – dans la bouche de Molière – un plaidoyer vibrant pour le spectacle vivant, pour le théâtre… Belle mise en abyme !
Geneviève. Photos G.ad.
Laisser un commentaire