Mesguich père et fils, en Talleyrand et Fouché : un très grand moment de théâtre
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Les Gémeaux, 16h25. Durée 1h10. Du 7 au 30 juillet, jours impairs. Réservations au 09 87 78 05 58
La pièce se déroule au soir du 6 juillet 1815, après la défaite de Waterloo et l’exil de Napoléon. La révolte gronde dans Paris, on entend d’ailleurs des cris à plusieurs reprises en off. Jean-Claude Brisville imagine la rencontre, fictive, lors d’un souper, entre Fouché et Talleyrand, « les faiseurs de rois », ces deux hommes de pouvoir que tout oppose, l’un défend la République, l’autre la Monarchie. Ils vont malgré tout devoir s’entendre, négocier pour durer l’un et l’autre.
Dans une pièce remplie de tableaux décrochés et de caisses, une table est dressée impeccablement, éclairée de bougies ; deux chaises se font face à chaque bout, comme les deux hommes qui vont s’affronter. La différence de classe sociale, de caractère mais aussi de vision politique est brillamment rendue par les deux comédiens. William Mesguich incarne à la perfection un Fouché nerveux, colérique, froid, qui est à la fois sûr de lui et dans une crainte perpétuelle de tout perdre. Son rire sardonique nous glace. Daniel Mesguich, avec sa voix posée et profonde, incarne, lui, avec brio, un Talleyrand calme, posé, sûr de lui, sans scrupules, qui donne même dans le ton badin parfois pour montrer sa parfaite maîtrise des événements.
La fourberie et le cynisme de la politique atteignent ici leur sommet. Tout du long nous ressentons un malaise à assister de manière indiscrète à ce souper, à cette joute verbale qui met en scène la soif de pouvoir de chacun et où tous les coups sont permis.
Ce brillant duo de comédiens rend savoureux ce duel entre deux monstres de la politique. Nous sommes tout autant éblouis qu’abasourdis par ce qui se joue entre ces deux-là. Un très grand moment de théâtre.
Sandrine
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