Lundi 1er avril 2024, Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence. Dans le cadre du Festival de Pâques
Le Messie, Georg Friedrich Haendel
Insula orchestra. Chœur Accentus. Direction, Laurence Equilbey
Voir notre présentation d’ensemble du Festival de Pâques 2024
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Plaisir et émotion avec cette œuvre magistrale et des interprètes de grande qualité
Le Messie est une œuvre magistrale, non seulement dans la composition de Haendel, mais dans le répertoire baroque tout entier. Pourtant, ils ne sont pas si nombreux ceux qui l’ont écouté en entier. Et le célébrissime « Alléluia » cache de nombreux moments si subtils techniquement et musicalement.
Au milieu du XVIIIe siècle et après une série d’opéras qui ont grevé les finances des théâtres, le compositeur germano-britannique avait développé la forme de l’oratorio dans ces lieux. Il y avait bien solistes vocaux, chœur et orchestre, mais plus de mise en scène. Et, si le nombre des exécutants a beaucoup varié au cours des temps, la réduction actuelle semble être plus propice à une certaine finesse, sans pour autant enlever le côté éclatant de plusieurs mouvements.
En ce lundi de Pâques, nous nous sommes bien retrouvés dans un contexte « haendélien » pour suivre des évocations du Christ issues de l’Ancien et du Nouveau Testaments. Le premier soliste à entrer en scène est le ténor Stuart Jackson. Nous n’avons pas été surpris par son excellente diction car c’est un ancien étudiant d’Oxford…en biologie ! Bien que restant en retenue quand il le faut, il se montre expressif vocalement et physiquement. Il a été plusieurs fois sélectionné pour interpréter des œuvres de G-F Haendel, et il y excelle.
Le contre-ténor Jakub Józef Orliński a été tout à fait puissant dans les aigus, un peu moins dans les notes basses de sa tessiture. Il n’est pas surprenant qu’il participe à de nombreuses productions d’opéras car il est théâtral, même si nous n’en avons que peu profité lors de cet oratorio. Sa très bonne articulation est agréable à entendre. Il appartient à cette nouvelle génération de haute-contre qui suit brillamment les maîtres des décennies précédentes, comme nous avions pu l’apprécier aussi en Vaucluse, à l’invitation de Musique Baroque en Avignon.
C’est plutôt en fin d’œuvre que nous aurons profité d’Alex Rosen. Son ton chaleureux ne vient pas que de sa voix de basse. Il m’a touché dans l’air « The trumpet shall sound ». Son interprétation des œuvres du XVIIIe siècle est tout à fait juste, comme en atteste sa participation avec les ensembles Les Arts florissants et Il Pomo d’oro.
Les Provençaux ont été heureux de retrouver la soprano Sandrine Piau pour sa troisième venue en quelques mois (dont deux à l’opéra d’Avignon, pour MBA avec Christophe Rousset et dans Atys du CMBV). Même si elle ne s’y cantonne pas, elle brille dans ses interprétations du baroque. En effet, elle joue sur la précision et la simplicité, ce qui éclaire chacune de ses interventions.
Tous les solistes se positionnaient au niveau de Laurence Equilbey. Cette proximité permettait une meilleure écoute et réactivité pour l’Insula Orchestra.
En revanche, je n’ai pas compris le déséquilibre entre la puissance des instruments. Les violons et l’orgue couvraient les anches et le clavecin. Plus grave à mes oreilles, ils étouffaient le pupitre des alti, tout comme les deux contrebasses celui des basses. Ce qui ne permettait pas de profiter au mieux du célèbre chœur Accentus.
Encore un bémol sur la scénographie lumineuse : quand les concepteurs arrêteront-ils de diriger des éclairages vers le public, qui se sent ainsi désagréablement agressé ?
Malgré ces réserves, cette interprétation procura grand plaisir et même forte émotion à tous les auditeurs du Festival de Pâques comme en témoignèrent les nombreux rappels de la salle pleine !
N.A. Photo N.A.
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