Le lac des cygnes d’Angelin Preljocaj, nuit magique aux Chorégies
Samedi 12 juillet 2025, 21h30, durée 1h50. Théâtre antique d’Orange, dans le cadre des Chorégies (site officiel) https://www.choregies.fr/
Ballet Preljocaj / Le Lac des cygnes
Pièce pour 26 danseurs
Chorégraphie, Angelin Preljocaj. Musique, Piotr Ilitch Tchaïkovski. Musique additionnelle, 79D. Vidéo, Boris Labbé. Costumes, Igor Chapurin. Lumières, Éric Soyer. Assistant adjoint à la direction artistique, Youri Aharon Van den Bosch. Choréologue, Dany Lévêque
Odette/Odile, Mirea Delogu. Siegfried, Leonardo Cremaschi. Mère de Siegfried, Lucile Boulay. Père de Siegfried, Erwan Jean-Pouvreau. Rothbart, Elliot Bussinet
Avec Teresa Abreu, Isabel García López, Celian Bruni, Araceli Caro Regalón, Audalys Charpentier, Alice Comelli, Antoine Dubois, Chloé Fagot, Afonso Gouveia, Eva Grégoire, Laurent Le Gall, Zoë McNeil, Théa Martin, Ygraine Miller-Zahnke, Agathe Peluso, Ayla Pidoux, Mireia Reyes I Valenciano, Redi Shtylla, Owen Steutelings, Micol Taiana.
Production, Ballet Preljocaj. Coproduction, Chaillot – Théâtre national de la Danse, Biennale de la danse de Lyon 2021 / Maison de la Danse, La Comédie de Clermont-Ferrand, Festspielhaus St Pölten (Autriche), Les Théâtres – Grand Théâtre de Provence, Théâtres de Compiègne. Résidence de création, Grand Théâtre de Provence
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La nuit tombe doucement sur le théâtre antique d’Orange. Devant le mur de scène et au-dessus des gradins, les martinets offrent leur dernière danse avant de laisser la place au ballet d’Angelin Preljocaj. On est samedi 12 juillet, au cœur des Chorégies. Au programme de cette soirée, un ballet, et pas des moindres, Le Lac des cygnes. Monument du répertoire classique, ce ballet en quatre actes inspiré d’une légende allemande, sur une musique de Piotr Ilitch Tchaïkovski et un livret de Vladimir Begitchev, a été ovationné pour la première fois en 1895, sur la scène du Théâtre impérial Mariinski de Saint-Pétersbourg, dans une chorégraphie de Marius Petipa et Lev Ivanov. Depuis lors, il a inspiré les plus grands chorégraphes et donné lieu à des centaines de propositions, adaptations cinématographiques… A l’affiche des Chorégies : le ballet d’Angelin Preljocaj, maître absolu de la danse contemporaine.
De la première minute à la dernière note, la magie opère. Quel écrin pour le ballet et quels danseurs pour ce haut-lieu du patrimoine vauclusien ! Ils se magnifient l’un l’autre. Avec cette pièce magistrale pour vingt-six danseurs créée en 2020, le chorégraphe de génie renoue avec une œuvre du répertoire et poursuit son hommage au chorégraphe Marius Petipa, entamé avec Ghost en 2018. Il retrouve aussi son goût – et son talent – pour la narration, déjà exploré avec Blanche-Neige et Roméo et Juliette, sans renoncer à son domaine de prédilection, la danse contemporaine, offrant une relecture de l’œuvre très réussie.
Ici point de ballerines sur pointes ou de tutus. Pourtant, la musique de Tchaïkovski est bien là, agrémentée de quelques compositions plus électros de 79D. Portés, développés, arabesques, sauts…, exécutés avec soin par Mirea Delogu (Odette / Odile), Leonardo Cremashi (Siegfried) et ses danseurs sont autant de clins d’œil à la pièce du XIXe siècle. Tous font preuve de solides bases classiques. Dans les costumes fluides et sobres d’Igor Chapurin noirs ou blancs, sur une partition plus contemporaine ou plus classique, selon leur camp, ils entraînent les spectateurs dans une histoire elle aussi renouvelée, transposée dans notre monde actuel. On sent poindre les désordres climatiques, la biodiversité en danger, la pénurie d’eau, alors que l’argent dicte de pures folies. Sur le plateau, pas de décor et un unique accessoire : les plans roulés d’une projet immobilier pharaonique, et sa superbe maquette sur roulettes, exhibée à de rares occasions par de sombres promoteurs. Pour suggérer les lieux de l’intrigue, Preljocaj a recours à la vidéo. De hauts gratte-ciel américains, des arbres majestueux, un lac aux reflets changeants… sont ainsi projetés sur le grand mur de scène du théâtre. Le père de Siegfried préfèrera-t-il sauver la nature, sa végétation luxuriante et les cygnes qui y vivent ou cédera-t-il à la folie des grandeurs ? Les tableaux s’enchaînent, l’émerveillement opère.
Sublime ! On est sous le charme…
MF.A. Texte et photos
Nous avions déjà vu ce Lac des cygnes dans le cadre des Opéras et Ballets au cinéma, en l’occurrence au Rivoli de Carpentras en 2022, en sortie encore frileuse de Covid. Déjà et toujours une réussite, impeccablement agencée, d’une esthétique chirurgicale qui ne gomme pas l’émotion. Mais ce Lac a déjà beaucoup beaucoup tourné… A Orange néanmoins, la magie du lieu fait toute la différence.
G.ad.
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