Le Coq d’Or, opéra de Nikolaï Rimski-Korsakov. Festival d’Aix-en-Provence. Théâtre de l’Archevêché (25-07-2021)
Direction musicale, Daniele Rustioni. Mise en scène, Barrie Kosky. Scénographie, Rufus Didwiszus. Costumes, Victoria Behr. Lumières, Franck Evin. Chorégraphie, Otto Pichler.
Dmitry Ulyanov (Le Tsar Dodon), Nina Minasyan (La Reine de Chemakha), Andrei Popov (L’Astrologue), Andrey Zhilikhovsky (Le Tsarévitch Aphron), Vasily Efimov (Le Tsarévitch Gvidon), Mischa Schelomianski (Polkan), Margarita Nekrasova (Amelfa), Maria Nazarova (La voix du Coq d’or), Wilfried Gonon (le Coq d’or)
Chœur et Orchestre de l’Opéra de Lyon
Le Coq d’or est un splendide opéra de Rimski-Korsakov, musique délicieuse, féérie, sentiments, ainsi qu’un humour récurrent qui fait du bien. Il était prévu que la nouvelle production de Barrie Kosky, le directeur de la Komische Oper de Berlin, fût créée lors de l’édition 2020 du Festival d’Aix-en-Provence, mais la pandémie de Covid-19 en a décidé autrement. C’est donc l’Opéra de Lyon qui a étrenné en mai 2021 ce magnifique spectacle, repris en fin de festival à Aix-en-Provence pour trois représentations seulement. Après Falstaff en première partie de festival, c’est donc le second opéra mis en scène par Barrie Kosky lors de cette édition 2021.
La scénographie de Rufus Didwiszus se déploie sur toute la largeur du théâtre de l’Archevêché, de hautes herbes en légère pente sur fond de triste paysage gris, avec un arbre mort à droite, sur lequel viendra se percher le Coq d’or, rôle tenu par le comédien Wilfried Gonon pour la partie théâtrale, pendant que Maria Nazarova chante en coulisse les appels successifs du volatile. Les soldats choristes portent une tête de cheval et le Tsar Dodon est habillé d’un maillot de corps et caleçons longs sales. Ses deux fils ont été décapités entre les actes I et II, et leurs corps balancent attachés par les pieds au bout d’une branche de l’arbre. Quant à la Reine de Chemakha, sa longue intervention à l’acte II est une opération de séduction à laquelle Dodon ne peut résister.
La distribution vocale est d’un excellent niveau, à commencer par la basse Dmitry Ulyanov (Tsar Dodon), en scène quasiment du début à la fin, timbre riche et voix puissante. La soprano Nina Minasyan (la Reine de Chemakha) charme tout autant du point de vue vocal, se montrant très à l’aise dans sa difficile partie de l’acte II, émaillée de suraigus et de quelques passages d’agilité. Troisième rôle par ordre d’importance, l’Astrologue d’Andrei Popov est bien le ténor suraigu qu’on attend dans le rôle, assurant ses envols vers les notes les plus aériennes de la partition, dont certaines en voix de tête. Le cast est complété avec solidité par le baryton Andrey Zhilikhovsky (Tsarévitch Aphron), le ténor Vasily Efimov (Tsarévitch Gvidon), l’autre basse Mischa Schelomianski en Général Polkan, ainsi que la contralto Margarita Nekrasova (Amelfa) qui dévoile la profondeur de ses graves.
Chef principal de l’Opéra national de Lyon, Daniele Rustioni est également le grand triomphateur de la soirée, en restituant les nombreux trésors de la partition. Les musiciens et choristes lyonnais font preuve d’une concentration sans failles et d’une cohésion irréprochable, pour une grande soirée d’opéra.
F.J. Photos Jean-Louis Fernandez
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