Une mise en lumière éblouissante de la femme d’exception qu’était Rosalind Franklin
Théâtre de la Reine Blanche, 12h50, 1h10. Du 5 au 23 juillet, relâche les 10 et 17 juillet. Réservations 04 90 85 38 17
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A l’initiative d’Elisabeth Bouchaud, des femmes scientifiques sont sorties de l’ombre afin de lutter contre leur invisibilité (effet Matilda). Auteur d’une trilogie Les fabuleuses, elle a commencé tout d’abord par mettre en lumière le rôle de Rosalind Franklin qui s’est fait voler sa découverte par ses collègues masculins. En effet, c’est elle qui a découvert la structure en double hélice de l’ADN au King’s College de Londres. Elle y a subi au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale non seulement l’exclusion en tant que femme, mais aussi la surveillance et le vol des résultats de ses travaux. Alors qu’elle était déjà une physico-chimiste mondialement connue, elle a dû faire face à un isolement de la part de ses collègues masculins, à la double attitude de son assistant Raymond Gosling qui sera celui par qui le fameux cliché (la photographie 51) arrivera dans les mains de Maurice Wilkings qui s’en attribuera tout le mérite pour obtenir le Prix Nobel de médecine en 1962. Elle mourra des conséquences de ses travaux : un cancer dû à une surexposition aux rayons X.
La mise en scène audacieuse (de Julie Timmerman) est très réussie : un espace scénique divisé en une scène centrale bordée sur les trois côtés par des structures un peu surélevées qui sont à la fois le lieu où les acteurs se changent entre deux scènes mais aussi les lieux périphériques au noyau central qui est celui du laboratoire des rayons X, la chambre noire, où va apparaître la fameuse photographie n° 51. Tel un roman policier, en noir et blanc, dont nous suivons la trame et le dénouement, les acteurs évoluent de façon très dynamique et rythmée entre ces deux espaces, aux sons de morceaux de jazz et de pas de danse. Isis Ravel interprète avec force, détermination, passion et sensibilité cette scientifique malmenée par ses collègues masculins : de talentueux comédiens au service d’une intrigue policière rondement menée.
Physicienne, comédienne remarquable, mais aussi directrice de théâtre (de la Reine Blanche à Paris et Avignon), Elisabeth Bouchaud cherche à réparer à juste titre des injustices dans l’histoire des sciences : après avoir présenté la vie de Rosalind Franklin, puis celle de Jocelyn Bell (dans la pièce Prix No’Bell, voir notre compte-rendu), et celle de Lise Meitner (dans la pièce Exil intérieur, voir notre compte-rendu), des femmes scientifiques d’exception qu’elle cherche à tirer de l’oubli et à mettre en lumière. Elle travaille actuellement à un quatrième projet autour de Marthe Gautier. Que nous attendons…
Christèle. Photo Pascal Gély
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