La traditionnelle Passion du Festival de Pâques, ou l’art de l’oratorio par Christophe Rousset
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Vendredi 7 avril 2023, 20h30, Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence.
10e Festival de Pâques
Passion selon Saint Matthieu, Jean-Sébastien Bach
Les talens lyriques. Chœur de chambre de Namur. Christophe Rousset, direction
Le Festival de Pâques programme traditionnellement une Passion pendant la Semaine Sainte, alternativement Jean et Matthieu. Et c’est un moment hautement symbolique pour la plupart d’entre nous, pour les auditeurs du concert de ce soir en particulier.
Jean-Sébastien Bach avait choisi la forme de l’oratorio pour écrire cette œuvre « lyrique dramatique », sorte d’opéra sans mise en scène ni costume qui sied bien au thème religieux. Christophe Rousset respecte parfaitement cette définition dans la direction qu’il donne à ses interprètes. Le ténor Ian Bostridge déclame presque, avec de larges mouvements, son rôle de l’Evangéliste pourtant fidèle au texte biblique. A l’opposé, l’alto Mari Askvik transmet une grande intériorité dans ses arias, ajoutés par le poète-librettiste Picander. Dommage, presque, que les anches, pour brillantes qu’elles soient, ne l’aient de temps en temps couverte.
La partition de cette Passion indique deux orchestres et deux chœurs. Il était vraiment intéressant de jouer sur une écoute sélective, d’une oreille à l’autre, pour profiter de la fine interprétation du Chœur de chambre de Namur et des Talens Lyriques. Plusieurs de ces artistes jouent sur des instruments (ou copies) anciens, telles la viole de gambe ou les flûtes traversières en bois. Cela donne une chaleur toute baroque que j’apprécie particulièrement. Et nous avons été nombreux à frissonner en entendant les « tubes » que représentent les grands chorals. Sans doute nombreux aussi à savourer la surprenante modernité de la composition de l’aria n° 59 « Ach Golgotha…» ?
Du côté des voix, les barytons Benjamin Appl (Jésus) et Thilo Dahlmann (Judas, Pierre, Pilate) ont une grande chaleur et surtout grande clarté dans leur tessiture. Le jeune ténor James Way présente aussi une expressivité certaine. Mais pourquoi ces messieurs étaient-ils habillés de façon presque décontractée ? Alors que les interprètes féminines, elles, dont Anna El-Khashem, avaient revêtu des robes du soir. L’important néanmoins était la musique et sa belle exécution. Et le public ne s’y est pas trompé, vu la concentration croissante au cours de l’exécution de l’œuvre.
N.A. Photos N.A.
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