Livret de Victor Hugo d’après Notre-Dame de Paris. Musique de Louise Bertin. Version pour quatre chanteurs, cinq instrumentistes et un comédien. Créé le 14 novembre 1836 à l’Académie Royale de Musique de Paris.
Direction musicale et arrangements, Benjamin d’Anfray. Mise en scène et adaptation, Jeanne Desoubeaux. Scénographie, Cécile Trémolières. Costumes, Alex Costantino.
Lumières, Thomas Coux. Régie générale et plateau, Paul Amiel. Son et plateau, François Lanièce. Collaboration artistique, Jérémie Arcache. Musique additionnelle, Gabriel Legeleux. Décors réalisés par les Ateliers de l’Opéra de Saint-Etienne. Costumes réalisés par les Ateliers de l’Opéra de Tours. Quasimodo, Christophe Crapez. Clopin Trouillefou, Arthur Daniel
Frollo, Renaud Delaigue. Esmeralda, Jeanne Mendoche. Phoebu, Martial Pauliat Ensemble Lélio. Piano romantique, Benjamin d’Anfray. Violoncelle, Lucie Arnal. Clarinette, Roberta Cristini. Violon, Marta Ramirez. Basson, Aline Riffault
Production Centre International de Créations Théâtrales / Théâtre des Bouffes du Nord Coproduction Opéra de Saint-Etienne ; Opéra Grand Avignon ; Opéra de Tours ; Vichy Culture / Opéra de Vichy ; Théâtre de Cornouaille, Scène nationale de Quimper ; Centre d’art et de culture de Meudon ; Cercle des partenaires
AVERTISSEMENT Certaines scènes, notamment de violences sexuelles, peuvent heurter la sensibilité du public
Vendredi 8 décembre 2023 de 18h à 19h30, Grand Foyer Opéra. Autour de La Esmeralda avec Véronique Le Goaziou, sociologue et ethnologue, chercheuse associée au CNRS d’Aix-en-Provence, spécialiste des questions de délinquance et de violence. Conférence sur les violences sexistes et sexuelles faites aux femmes. Entrée libre sur réservation jessica.lepape@grandavignon.fr 06 73 63 70 98
Samedi 9 décembre 2023 à 19h15, salle des Préludes, Opéra. 45 mn avant chaque représentation, l’Opéra Grand Avignon propose un éclairage sur le spectacle auquel vous assistez. Entrée libre sur présentation du billet du spectacle
Annonce
Voilà un opéra créé en 1836, dont le livret est de Victor Hugo lui-même, et la musique de Louise Bertin (1805-1877), et réinterprété au goût du jour. Cet arrangement en co-production des Bouffes du Nord avec 8 maisons d’opéra (dont Grand Avignon) est un « opéra de troupe » : sur scène, seulement 5 instrumentistes (piano, violoncelle, clarinette, violon, basson), 4 chanteurs, 1 comédien. Une formation réduite pour « le pari d’un théâtre musical complet, politique et engagé », avec 2 personnages au centre de l’action : Esmeralda, la bohémienne libre, victime – comme Carmen – de ce qu’on n’appelait pas encore un féminicide, et la cathédrale Notre-Dame de Paris, au moment même où elle renaît de ses cendres, puisque la flèche reconstruite à l’identique est dévoilée ce vendredi 8 décembre 2023.
Esmeralda, une œuvre « revisitée », à ne pas mettre devant tous les yeux (scènes de violences sexuelles).
Une seule représentation.
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Compte rendu
Comment se fait-il que, malgré une distribution très moyenne, voire médiocre, malgré une diction inintelligible, malgré une scène de viol – mais annoncée -, malgré 10 minutes initiales insupportables, nous n’ayons finalement pas passé une mauvaise soirée, alors que plusieurs spectateurs ont quitté la salle, dont certains ostensiblement ?
Le personnage d’Esmaralda est à mille lieues de l’image d’Epinal de la bohémienne sauvage, incandescente, à la crinière fauve ; Jeanne Mendoche est plutôt cousine de Gavroche, mais cela lui sied bien ; le soprano est solide et clair, la projection précise, mais le texte est totalement incompréhensible. Les autres chanteurs ne livrent pas un texte plus audible, et ne sont guère à la hauteur ; Phoebus (Martial Pauliat), qui laisse deviner de loin en loin quelques jolies couleurs, est très inégal, et détonne souvent. Claude Frollo, le prêtre torturé, sous les traits de Renaud Delaigue, n’a guère la puissance et la justesse requises. Quant à Quasimodo (Christophe Crapez), qu’on a heureusement évité d’affubler d’une excroissance dorsale, il est assez fade.
Les musiciens ont l’amateurisme sympathique mais savent révéler quelques moments réussis, solo de violon (Marta Ramirez) ou de clarinette (Roberta Cristini). Ils renforcent parfois le plateau, dans la scène de cabaret, et dans le chœur, de dos en fond de scène, ils accompagnent les derniers instants d’Esmeralda.
Le début, lui, est absolument insupportable. Fumigènes, projecteurs violents aveuglant le public, sons amplifiés, une dizaine d’énergumènes se démenant dans une cour des miracles assourdissante. Nous avons failli partir ; le final reviendra avec les mêmes ingrédients, mais plus brièvement.
Néanmoins, à la moitié du spectacle environ, nous avouons nous être laissé prendre par un je-ne-sais-quoi ; malgré la médiocrité vocale, pour autant la mise en scène et la scénographique dégagent une véritable atmosphère ; un mélange de médiévisme et d’actualité brûlante, avec les échafaudages de Notre-Dame toujours en place, consécutifs à l’incendie du 15 avril 2019, et la fameuse rosace Sud stylisée ; quant à la flèche reconstituée à l’identique in loco, non représentée ici mais inévitablement présente à l’esprit, elle a justement été dévoilée la veille « en vrai », et par ailleurs la comédie musicale à succès Notre-Dame de Paris (1998), aux 8 millions de spectateurs, reprendrait du service…
On ne laissera pas de s’étonner toutefois qu’une coproduction de près d’une dizaine de structures n’ait pu s’offrir meilleur plateau.
G.ad.
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