La Distance, un magistral face à face qui nous submerge d’émotions
Du 7 au 26 juillet (relâches les 10, 17 et 24) à 12 heures, plus à 17 h 30 les 9, 12, 16 et 19 juillet, L’Autre Scène (Vedène). Durée : 1 h 45.
La Distance.
Avec Alison Dechamps, Adama Diop. Texte et mise en scène, Tiago Rodrigues. Traduction Thomas Resendes (français), Daniel Hahn (anglais). Scénographie, Fernando Ribeiro. Costumes, José António Tenente. Lumière, Rui Monteiro. Musique et son, Pedro Costa. Collaboration artistique, Sophie Bricaire. Assistanat à la mise en scène, André Pato. Stagiaire à la mise en scène, Thomas Medioni
Production, Festival d’Avignon. Coproduction, Teatro stabile di Napoli Teatro Nazionale (Naples), Onassis Stegi (Athènes), La Comédie de Clermont-Ferrand Scène nationale, Divadlo International Theatre Festival (Plzeň), Le Volcan Scène nationale du Havre, Teatre Lliure (Barcelone), Centro Dramatico Nacional (Madrid), Malakoff Scène nationale Théâtre 71, Culturgest (Lisbonne), De Singel (Anvers), Équinoxe Scène nationale de Châteauroux, Points communs Nouvelle Scène nationale de Cergy-Pontoise / Val d’Oise, Piccolo Teatro di Milano Teatro d’Europa (Milan), Maillon Théâtre de Strasbourg Scène européenne, NTCH Taiwan National Theatre and Concert Hall, Les Célestins Théâtre de Lyon, Théâtre du Bois de l’Aune (Aix-en-Provence), Théâtre de Grasse Scène conventionnée d’intérêt national Art & Création, Scènes et Cinés Scène conventionnée d’intérêt national Art en territoire (Istres), Le Bateau Feu Scène nationale de Dunkerque, Plovdiv Drama Theatre, Malta Festival (Poznan), Espace 1789 (Saint-Ouen)
Ce projet est soutenu par la Fondation Calouste Gulbenkian – Délégation en France qui soutient la scène artistique portugaise au sein des institutions artistiques françaises
Avec le soutien de Ammodo Art, le dispositif d’insertion de l’École du TNB Théâtre national de Bretagne (Rennes) et pour la 79e édition du Festival d’Avignon : Spedidam
Construction décor, Ateliers du Festival d’Avignon
Résidence, La FabricA du Festival d’Avignon
Remerciements Marie Azevedo,doctorante en sciences planétaires à l’université de Berne et membre de l’équipe CaSSIS pour la mission ExoMars, Magda Bizarro, Beatriz Rodrigues, les équipes du Festival d’Avignon, Odéon-Théâtre de l’Europe (Paris)
Chacune de ses créations est un ravissement pour les Festivaliers d’Avignon (Antoine et Cléopâtre en 2015, Sopro en 2017, La Cerisaie en 2021, By Heart et Dans la mesure de l’impossible en 2023) et La Distance ne déroge pas à la règle ! Une fois encore, Tiago Rodrigues, le directeur artiste du Festival d’Avignon, confirme son art de l’écriture et ses talents pour la mise en scène et la direction d’acteurs.
S’interrogeant cette fois-ci sur la séparation interplanétaire d’un père et de sa fille, il signe un récit intime d’une grande sensibilité, une histoire d’amour déchirante d’une intense émotion. Se projetant en 2077 et inspiré par le dérèglement climatique qui menace la Terre, il imagine un magistral face à face entre deux visions de l’avenir, portées par deux générations. Dans sa pièce, aussi dystopique que réaliste, l’humanité est scindée en deux entre notre planète, au bord de l’implosion, et Mars, tournée vers l’avenir. Pour incarner ces deux populations et deux choix de vie, Tiago Rodrigues a convoqué deux comédiens de haut vol. Adama Diop est absolument bouleversant dans le rôle de ce père aimant, mis au pied du mur, qui tente désespérément de convaincre sa fille de revenir avant qu’elle n’oublie tout.
Lui donnant la réplique, la jeune Alison Deschamps, d’un naturel désarmant, est très convaincante. Posés sur un vaste plateau rond tournant sur lui-même, qui évoque autant les disques vinyles d’autrefois que la révolution des planètes autour du Soleil, ces deux jouets du destin sont emportés dans un véritable compte-à-rebours, une course effrénée contre les jours, les heures et les minutes qu’il leur reste à vivre avant une coupure totale, marquée par l’oubli, l’éloignement et la rupture de toute communication possible. Reflet de l’urgence de la situation, leur temps de parole est minuté par la vitesse de la tournette, scindée en deux par un grand arbre couché, qui délimite leurs deux univers. Alors que l’échéance se rapproche, le rythme s’accélère et les mots se bousculent pour trouver les arguments. Au milieu des clichés égrenant leurs souvenirs, sur les rythmes de la chanson solaire préférée d’une mère partie trop tôt, ce père meurtri saura-t-il faire changer d’avis sa fille aimante mais déterminée ? Assistant impuissants à cette joute verbale, on suffoque, on s’émeut, on compatit, on s’imagine à leur place, devant affronter l’horreur et l’urgence… Impossible de réprimer un sanglot et dans le silence absolu de la salle noire, les larmes perlent sur nos joues. C’est fort, c’est beau, c’est intense. On touche au sublime. Bravo et merci les artistes !
Marie-Felicia. Crédit photos Christophe Raynaud de Lage
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