Le champagne pétille au Zénith de Toulon !
Zénith de Toulon, dimanche 31 décembre 2023
Die Fledermaus, opérette de Johann Strauss II,
Direction musicale, Léo Warynski. Mise en scène, Jean Lacornerie. Chorégraphie, Raphaël Cottin. Scénographie et costumes, Bruno de Lavenère. Lumières, Kévin Briard. Dramaturgie, Katja Krüger
Stephan Genz (Gabriel von Eisenstein), Eleonore Marguerre (Rosalinde), Claire de Sevigné (Adèle), Thomas Tatzl (Dr Falke), Valentin Thill (Alfred), Tamara Gura (Prince Orlofsky), Horst Lamnek (Frank), Veronika Seghers (Ida), François Piolino (Dr Blind) ; Anne Girouard (Le narrateur/Frosch)
Orchestre et Chœur de l’Opéra de Toulon
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D’abord programmées à Toulon en 2021, les représentations de cette Fledermaus avaient dû être annulées en raison de la crise sanitaire Covid. Et c’est à présent au Zénith que le spectacle est accueilli, pour cause de travaux de rénovation du bâtiment historique de l’Opéra, un programme de travaux étalé sur plusieurs saisons. Evidemment, le Zénith n’est pas le lieu le plus enchanteur pour y dérouler une représentation d’opéra, surtout lorsqu’on donne un coup d’œil panoramique à la salle et ses rangées de sièges posées sur les gradins de béton. Mais on oublie rapidement l’endroit dès que le regard se fixe vers la scène, soit un plateau aux dimensions confortables, sachant par ailleurs que tous les musiciens et chanteurs sont sonorisés.
Le spectacle signé de Jean Lacornerie – accueilli avec bonheur à l’Opéra d’Avignon hors-les-murs en juin 2021 – est d’une folle originalité au premier acte, les personnages apparaissant tour à tour à l’intérieur de cadres disposés au sein d’une haute façade noire. Cette mise en scène très verticale, dans ce très beau décor de Bruno de Lavenère, s’ouvrira ensuite pour le deuxième acte, plus classique avec son escalier rouge au centre et plusieurs rideaux dorés, enfin l’un des deux grands panneaux sera vu de dos pour figurer la prison du III, dévoilant à présent ses multiples volées d’escaliers et ouvertures percées dans la surface.
L’opérette est chantée ce soir en allemand et les dialogues sont dits en français, les textes étant énoncés par l’actrice Anne Girouard, dont le rôle, entre autres, de la reine Guenièvre dans la série télévisée Kaamelott a fait la notoriété. La comédienne, souvent très drôle, est omniprésente pendant les dialogues, le moindre tête-à-tête entre deux protagonistes se transformant en réunion à trois, les deux personnages mimant alors les textes énoncés par l’actrice. Ce procédé, certes très original là encore, retire tout de même du naturel et de la fluidité aux conversations directes entre les personnages. Il est à noter qu’Anne Girouard prend également à sa charge le rôle parlé de Frosch, le gardien de prison du troisième et dernier acte.
La distribution vocale souffre d’un manque d’homogénéité, avec de très bons éléments et d’autres moins en verve. Ce sont ainsi la soprano Claire de Sevigné et le ténor Valentin Thill qui font la meilleure impression, la première en pimpante Adèle douée d’une très fine musicalité aux aigus aériens et le second en un Alfred éclatant de santé vocale, d’une voix saine projetée avec force. A l’opposé, l’Eisenstein de Stephan Genz se montre moins marquant, simplement correct, tandis que la Rosalinde d’Eleonore Marguerre déçoit nettement, en manque de graves et de stabilité dans le registre aigu. Le Prince Orlofsky de Tamara Gura nous frustre également, le timbre est bien celui du rôle, qui peut puiser dans un grave profond, mais plusieurs notes paraissent oubliées et la chanteuse semble régulièrement à court de souffle. Thomas Tatzl (Dr Falke) et Horst Lamnek (Franck) sont davantage en place, aux côtés des moins sollicités Veronika Seghers (Ida) et François Piolino (Dr Blind).
Le chef Léo Warynski assure un beau rendu musical, donnant de l’éclat à la partition, tout en évitant de tomber dans le pompiérisme. Les moments délicats sont aussi préservés, avec un équilibre bien dosé entre orchestre et solistes sur le plateau, sans oublier les choristes qui contribuent à la bonne humeur générale.
I.F. ©Kévin Bouffard
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