La Bohème à l’Opéra Bastille (12-12-2017)
On a assassiné la Bohème de Puccini !
Ciné-opéra, Capitole-Studios, Le Pontet (84), en direct de l’Opéra Bastille.
La Bohème. Opéra en quatre tableaux. Musique, Giacomo Puccini. Livret, Giuseppe Giacosa & Luigi Illica. D’après Henry Murger, Scènes de la vie de bohème. En langue italienne. Surtitrage en français et en anglais
Direction musicale, Gustavo Dudamel. Mise en scène, Claus Guth.
Mimì, Nicole Car (Sonya Yoncheva, 1er décembre). Musetta, Aida Garifullina.
Rodolfo, Atalla Ayan. Marcello, Artur Rucinski. Schaunard, Alessio Arduini. Colline, Roberto Tagliavini. Alcindoro, Marc Labonnette. Parpignol, Antonel Boldan. Sregente dei doganari, Florent Mbia. Un doganiere, Jian_Hong Zhao. Un venditore ambulante, Fernando Velasquez.
Décors, Étienne Pluss. Costumes, Eva Dessecker. Lumières, Fabrice Kebour. Vidéo, Arian Andiel. Chorégraphie, Teresa Rotemberg. Dramaturgie, Yvonne Gebauer
Chef des Chœurs, José Luis Basso.
Orchestre et Choeurs de l’Opéra national de Paris. Maîtrise des Hauts-de-Seine. Chœur d’enfants de l’Opéra national de Paris.
On a assassiné la Bohème. Le coupable : Claus Guth, un metteur en scène égocentrique qui n’a qu’un seul souci, se faire plaisir et détruire et dénaturer une œuvre essentielle du grand répertoire lyrique.
Acceptons la modernité qui respecte l’esprit de l’œuvre et de la partition.
Or là on en est bien loin !
On conçoit tout à fait que dans une nouvelle production, pour coller davantage à l’actualité, on peut prendre quelques libertés, à condition qu’elles soient cohérentes par rapport à l’esprit de l’œuvre originale.
Claus Guth s’est permis de transposer l’œuvre dans un univers lunaire totalement irrespectueux de l’œuvre de Puccini ; dans ce cas il lui eût fallu modifier le texte du livret, tant l’original était différent de ce qu’on voyait sur scène.
Heureusement, la distribution d’une part, l’orchestre et son chef Gustavo Dudamel d’autre part, sauvent le spectacle, au point de nous faire regretter de ne pas avoir eu une version de concert.
Les voix sont exceptionnelles surtout les rôles féminins : Nicole Car (Mimi) et Aïda Garifulina (Musette) ont donné une interprétation d’une grande émotion et d’une grande sensibilité.
Les rôles masculins ne déméritent pas ; on retiendra l’interprétation exemplaire d’Atalla Ayan (Rodolphe) et d’Arthur Rucinski (Marcello).
Ce sont de telles voix qui font oublier le grotesque de cette production sans intérêt.
Bravo à Gustavo Dudamel, qui a su passer outre ces extravagances, et a su mettre en valeur les émotions, les nuances vocales, et l’esprit d’un des plus grands chefs-d’œuvre de l’art lyrique.
Le seul souhait, à la sortie de ce spectacle : voir rapidement une « véritable » Bohème. (J.-L.A.)