Josquin Otal : un pianiste à suivre
2025 soirée de promotion à la Scala Provence
Vendredi 31 janvier 2025, 20h, La Scala-Provence, Avignon
Enrique Granados, Goyescas El Amor y la Muerte : « Balada ». Franz Liszt, Sonnets 1 et 2 de Pétrarque. Serge Rachmaninov, Etudes Tableaux op.39, extrait. Alexandre Scriabine. Sonate n°5 op 53.
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Nous avons rencontré Josquin Otal lors d’un concert donné à Avignon pour la promotion de ce premier enregistrement avec Scala Provence.
Au programme de la soirée : des œuvres d’Enrique Granados (Goyescas El Amor y la Muerte : Balada), des 2 premiers Sonnets de Pétrarque de Franz Liszt, puis de Serge Rachmaninov (un extrait des Études-Tableaux op39) sorte d’invitation à l’introspection et enfin, d’Alexandre Scriabine la sonate n°5 op 53.
Après une présentation rapide du programme, Josquin Otal interprète les Goyescas, œuvre en rapport direct avec les tableaux de Goya qu’admirait le compositeur.
« El Amor y la Muerte », (l’Amour et la Mort) : cette pièce est le point culminant de l’opéra qui porte le nom de Goyescas. La partition elle-même est tragique, on y trouve une mention sur la mort et la passion. Après une introduction très tonique, le pianiste fait chanter la mélodie. Il signe là une très belle interprétation d’une profondeur sonore et d’une exactitude rythmique remarquable. La mélodie centrale n’est pas sans rappeler le thème célèbre « Quejas,o lamaja y el ruisseñor » (la jeune fille et le rossignol), et le pianiste envoûte l’auditoire.
Avec les 2 premiers Sonnets de Pétrarque de Franz Liszt, Josquin Otal nous donne une lecture d’une musicalité intense. Sa technique pianistique donne à l‘instrument une sonorité riche, éclatante, presque orchestrale. Il fait preuve d’une grande virtuosité, son audace est à la mesure de la difficulté de la partition.
Avec Rachmaninov et ses Etudes-Tableaux, Josquin Otal se révèle être un immense interprète. Le pianiste se surpasse, donnant une lecture de la partition aux contrastes exacerbés, aux envolées vertigineuses. L’artiste se joue des difficultés, il passe de la virtuosité la plus extrême à un phrasé d’une grande douceur jouée avec naturel. Le pianiste sue à grosses gouttes et donne « tout » dans ce concert sublime destiné à une centaine de privilégiés.
Nous enchaînons avec la sonate n°5 d’Alexandre Scriabine qui tourne le dos définitivement au romantisme d’un Chopin dont il s’est beaucoup inspiré au début du XXe siècle pour épouser définitivement une autre esthétique plus contemporaine. Josquin Otal est dans son élément : la vélocité fulgurante de Scriabine, son jeu harmonique clair, ses fulgurances et tempos rapides, tous ces éléments se réclament de l’école lisztienne. L’artiste nous offre une interprétation prodigieuse, à la fois expressive, toute en nuances et virtuose. Nous avons vraiment l’impression que ce jeune pianiste recherche les difficultés pour mieux les maîtriser. De la belle ouvrage !
Devant un tonnerre d’applaudissements, le pianiste nous a offert pas moins de 3 bis : le Notturno de Respighi ; il s’agit d’un rêve poétique tout en nuances et délicatesse ; une pièce très peu connue qui tempère l’ambiance électrique laissée par Scriabine. L’artiste enchaîne avec la sonate 146 de Scarlatti en sol majeur ; on retrouve là une œuvre très classique, qui était destinée au clavecin avec ses rythmes virevoltants, ses appoggiatures. Comme si cela ne suffisait pas, le pianiste nous a offert en troisième bis une étude op10 en fa mineur de Chopin, morceau très classique et virtuose pour clore avec brio cette belle soirée.
Nous espérons revoir très vite Josquin Otal en concert, peut-être même pourquoi pas, sur la scène de la Roque d’Anthéron ?
D.B. Photos M.A.
Biographie :
Josquin Otal est né en 1992. Après des études au CRR (Conservatoire à Rayonnement Régional) de Lyon avec Hervé Billot, puis à celui de Marseille avec Bruno Rigutto, le jeune pianiste entre au CNSMDP (Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse) de Paris, où il obtient son master lors de son 3e cycle. Il se concentre alors sur l’étude du compositeur espagnol Granados et sa musique avec le cycle des Goyescas.
Depuis 2016 il est artiste en résidence à la Chapelle Musicale Reine Elizabeth où il suit l’enseignement de Louis Lortie et Avedis Kouyoumdjan.
Son parcours musical est jalonné de rencontres importantes lors de master class comme celles de Jean-Claude Pennetier, Jacques Rouvier ou encore Laurent Cabasso.
Lauréat du concours international de Rhodes et de Washington il est nommé Révélation Classique de l’ADAMI en 2015. Nous l’avions alors rencontré à Orange en juillet 2015 lors d’une prestation des lauréats de l’ADAMI.
Ce jeune pianiste se produit en France et à l’étranger.
Outre les récitals de piano, Josquin Otal nourrit une passion pour la musique de chambre avec de nombreux partenaires comme Aurélien Pascal – attendu à l’Opéra Grand Avignon le 16 février 2025 -, Franck Braley, Elia Cohen Weissert et se produit en concerts avec orchestre sous la baguette de Marius Stieghorst, Nir Kabaretti et bien d’autres.
En 2018 il réalise son premier CD chez le label Printemps des Arts de Monte-Carlo avec la Sonate de Julius REUBKE et la Sonate en si mineur de Franz LISZT.
Dans le magazine Diapason, Alain Lompech écrit au sujet du pianiste âgé alors de 26 ans : « Il se glisse avec finesse dans la sonate de Reubke, alternant la démesure à la prière, ne s’emportant jamais trop, chantant toujours, tenant ses phrases jusqu’au bout. Il aborde la Sonate de Liszt de façon plus intelligente et analytique que dramatique et grandiose, toujours juste dans l’expression du moment. »
2023 : Premier enregistrement sous le label Scala Provence « What iy most suggests » avec des œuvres de Granados, Crumb, Rachmaninov et Oboukhov.
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