Au Festival de Pâques d’Aix-en-Provence : peu de passion pour la Passion de Bach…
Vendredi 18 avril 2025, Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence
Festival de Pâques d’Aix-en-Provence
Johann Sebastian Bach, Matthäus–Passion, BWV 244
Les Ambassadeurs – La Grande Écurie ; Thibault Noally, direction
Julie Roset, Apolline Raï-Westphal, sopranos ; William Shelton, Coline Dutilleul, altos ; Valerio Contaldo, Antonin Rondepierre, ténors ; Sebastian Noack, Tomas Kral, barytons.
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Le Festival de Pâques d’Aix-en-Provence, fidèle à sa tradition, explore les chefs-d’œuvre de Bach en alternant, le soir même du Vendredi-Saint, les Passions selon Saint Jean et selon Saint Matthieu. Cette édition 2025 met en lumière la Passion selon Saint Matthieu, une œuvre magistrale souvent considérée comme la plus ambitieuse et profonde des deux. Créée en 1727 pour l’église Saint-Thomas de Leipzig, elle incarne l’apogée de la musique sacrée baroque, combinant un respect scrupuleux du texte biblique à une intensité dramatique et musicale inégalée.
Cette Passion se distingue par son traitement complexe et émouvant des émotions humaines à travers une narration musicale riche, appuyée par une structure en deux parties et des doubles chœurs qui dialoguent, illustrant l’universalité et la profondeur spirituelle du message.
La grande faiblesse de l’interprétation de ce soir provient de l’absence de chœurs, qui crée un véritable manque d’ampleur et d’intensité, surtout dans cette œuvre où les parties chorales jouent un rôle si fondamental dans l’expression collective et dramatique. Même avec les efforts des solistes pour compenser, la Passion selon Saint Matthieu perd en profondeur et en majesté.
L’orchestre Les Ambassadeurs – La Grande Écurie, sous la direction de Thibault Noally – récemment remarquable dans un tout autre programme à Avignon -, affiche une belle authenticité baroque grâce à des instruments d’époque, mais sa performance technique par moment est inégale et le choix de tempi de la part de la direction est parfois surprenant, mettant en difficulté l’exécution des airs par les chanteurs.
Certaines prestations individuelles ressortent néanmoins : Valerio Contaldo en Évangéliste, qui marque par la richesse et la souplesse de sa voix ; le contre-ténor William Shelton – révélé notamment par le Concours de la mélodie de Gordes – brille par sa sensibilité dans des airs comme « Erbarme dich ». Julie Roset enchante également par sa musicalité et son expressivité. En revanche, le Jésus incarné par Sebastian Noack se montre plus discret, et quelques autres solistes affichent des fragilités, notamment dans les registres graves.
Malgré les efforts déployés, cette édition 2025 de la Passion de Bach a peiné à atteindre l’émotion et la grandeur légitimement attendues, laissant une impression générale mitigée chez certains des auditeurs les plus « historiquement informés ».
F.J. / I.F. Photos Caroline Doutre
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