Ciné-opéra. Capitole-Studios, Le Pontet, jeudi 30 septembre 2021, durée 3h50. En différé de l’Opéra Garnier (juin-juillet 2021)
Faust, Charles Gounod. Réalisation, Tobias Kratzer. Direction musicale, Lorenzo Viotti.
Faust, Benjamin Bernheim. Mephistopheles, Christian Van Hoen. Marguerite, Ermonela Jaho. Valentin, Florian Sempey. Siebel, Michèle Losier. Dame Marthe, Sylvie Brunet-Grupposo.
Orchestre et Chœur de l’Opéra de Paris Bastille
Le metteur en scène allemand Tobias Kratzer situe l’œuvre dans un contexte d’aujourd’hui qui de prime abord peut paraître déroutant mais très vite il le ramène dans son contexte romantique : on oublie alors toute modernité, d’autant que l’œuvre est servie par une distribution d’exception, une référence actuelle pour cette œuvre du grand répertoire.
Le ténor Benjamin Bernheim campe ainsi un Faust plein de sensibilité, de virtuosité vocale, avec une diction parfaite ; il est actuellement « le » Faust de référence. A ses côtés Christian Van Hoen, américain d’origine, offre un phrasé sans faute, une diction exceptionnelle et sa voix bien projetée avec une stature rappelant le grand Samuel Ramey.
Ermonela Jaho campe une Marguerite tout en sensibilité, pleine de nuances et de caractère ; son interprétation nous émeut aux larmes.
Les seconds rôles sont tous à la hauteur… si du moins l’on ose parler de seconds rôles pour des artistes d’une telle renommée et d’un tel talent, qui propulsent leurs personnages sur le devant de la scène : Florian Sempey en Valentin, ainsi que Michèle Losier (Siebel) ou la mezzo-soprano Sylvie Brunet-Grupposo (Dame Marthe), qui travaille très souvent – scène ou disque – avec l’Orchestre Avignon-Provence, naguère Régional, aujourd’hui National. A ces interprètes il faut ajouter un personnage essentiel, le Chœur de l’Opéra de Paris Bastille qui complète brillamment cette distribution.
Le tout est placé sous la baguette du jeune chef trentenaire Lorenzo Viotti qui mène de main de maître l’Orchestre et l’ensemble de cette production ; sa direction est tout en nuance et subtilité, ce qui confère à l’œuvre tout son brio et en donne une lecture qui fera date.
Pour cette soirée qu’on n’hésite pas à considérer comme exceptionnelle, on regrette que le public n’ait pas été au rendez-vous. Sans doute faut-il incriminer, comme sur toutes les scènes de France voire du monde, une reprise hésitante voire chaotique après la pandémie. Espérons que dans les semaines et mois à venir les spectateurs retrouvent avec bonheur le spectacle vivant.
JL.A.
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