Skip Sempé est un instrumentiste de renom. Si l’on peut regretter que sa réserve naturelle ne le fasse pas connaître du plus large public, c’est un artiste fin et talentueux, qui proposera pour la saison 2024-2025 de MBA, le 16 mars 2025, un programme de musique anglaise dansante dans les années 1600. Skip Sempé a accordé un entretien à MBA en amont de son récital avignonnais.
-Bonjour, Skip Sempé, et merci de nous accorder cet entretien. Pourriez-vous nous parler de vos premières rencontres avec la musique et de ce qui vous a particulièrement attiré vers le clavecin et la musique ancienne dès vos débuts ?
-Mon environnement familial a toujours été propice à l’épanouissement musical. J’ai exploré divers instruments dès mon plus jeune âge, tels que la flûte à bec, le violoncelle, ainsi que les instruments à vent et à archet de la Renaissance. Cependant, ce sont les instruments et la musique instrumentale qui ont captivé mon attention. Parmi eux, le clavecin s’est imposé comme une évidence, car j’ai ressenti une affinité naturelle avec cet instrument et son répertoire.
-Votre répertoire est très vaste, allant des virginalistes anglais à Rameau. Comment choisissez-vous les œuvres que vous interprétez, et quelles sont les découvertes musicales qui vous ont le plus marqué ?
-Bien que j’apprécie la musique du XVIIIe siècle, ce sont celles des XVIe et XVIIe siècles que j’ai le plus approfondies. Ce répertoire, souvent ignoré, exige une vaste connaissance et ne se prête pas à une écoute superficielle. Récemment, l’enregistrement des Lachrimae de John Dowland avec le Capriccio Stravagante Renaissance Orchestra, dans une nouvelle orchestration que nous avons conçue, m’a particulièrement touché. Cet enregistrement est actuellement disponible sur notre label Paradizo.
-Comment votre expérience en tant que claveciniste influence-t-elle votre travail de chef d’orchestre, notamment dans la direction d’ensembles de musique ancienne ?
-La musique elle-même est au cœur de ma démarche, établissant un lien direct entre ma pratique du clavecin, mon travail de chambriste et ma direction d’orchestre. Le clavecin exige une précision et une attention aux détails qui doivent être maîtrisées, sans quoi la sonorité se perd et l’expression musicale devient rigide. Je me consacre exclusivement à la direction d’ensembles de musique ancienne. Bien que certains répertoires postérieurs à Rameau me plaisent, je préfère, en tant qu’interprète, me concentrer sur la musique antérieure.
-Quels sont vos projets musicaux actuels et futurs, et quelles sont les œuvres ou les compositeurs que vous aimeriez explorer davantage?
-Le Capriccio Stravagante Renaissance Orchestra est l’ensemble sur lequel je me concentre depuis de nombreuses années. Cet orchestre de la Renaissance, composé d’environ 22 instrumentistes, comprend un ensemble de violes, de flûtes à bec, de cuivres et d’instruments à cordes pincées tels que les clavecins, les virginales et les luths. Grâce à nos enregistrements et nos concerts dans les grands festivals et salles, nous présentons un répertoire méconnu à un large public, lui faisant découvrir la magie sonore d’un orchestre de la Renaissance. De plus, nous collaborons fréquemment avec des chœurs pour des projets vocaux de grande envergure.
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