« C’est un spectacle vivant qui traverse toutes les émotions »
La jeune danseuse et chorégraphe Soa Ratsifandrihana, invitée pour la première fois au festival Les Hivernales, présentera Fampitaha, Fampita, Fampitàna (« comparaison, transmission, rivalité », en malgache), le 8 février 2025.
-C’est votre première pièce collective. Qu’est-ce qui vous a motivée ?
–Après mon solo, je voulais partager la scène avec d’autres artistes, d’autres créateurs et entrer dans un travail collaboratif sur et autour du plateau. Longtemps interprète pour d’autres compagnies, j’ai goûté au bonheur de la danse collective.
-Vous êtes à la fois chorégraphe et interprète…
–Ça me paraît toujours étrange de faire la différence entre les deux. Ma pratique en tant que chorégraphe part du point de vue de l’interprète. Mon écriture naît de ce que j’ai envie de vivre, de ressentir sur scène et de la manière dont je veux l’exprimer avec mon corps.
-Pourquoi avez-vous voulu parler de la diaspora ?
–Ça part de mon expérience personnelle et d’interprète. C’est le prolongement d’une question qui était déjà posée dans mon premier solo, Groove. J’y ai amené mes références de la danse que j’ai pu apprendre dans les conservatoires mais aussi des danses de maison ou de célébration de la diaspora malgache. J’avais envie d’approfondir ce thème et de m’attaquer à quelque chose de plus grand : l’histoire et la transmission de la danse.
-Vous êtes quatre interprètes d’horizons différents…
–Ce qui est un pur hasard dans le casting, c’est que nous venons tous les quatre d’îles [Madagascar, Haïti, Guadeloupe]. Le musicien, Joël Rabesolo, est malgache comme moi. Mais lui a grandi à Madagascar. Alors que moi, je suis de la deuxième génération, comme Audrey Mérilus. Stanley Ollivier est de la troisième génération. C’est intéressant car nous avons des expériences et des points de vue différents à la langue et à l’histoire de nos îles. C’est ce que l’on détricote et que l’on exprime au plateau avec humour et légèreté.
-À quel style de danse, doit-on s’attendre ?
–À beaucoup de genres différents. Je suis partie de la pensée d’Édouard Glissant, de ce qu’il appelle la créolisation. Selon lui, le croisement de plusieurs cultures donne un résultat imprévisible et surprenant, contrairement au « métissage ». Il y a de la danse qui vient de mon bagage de danseuse contemporaine, passée par la danse classique, moderne. Mais avec les deux autres danseurs, nous voulions nous en émanciper et faire de la place au plateau à d’autres danses que l’on a réservées à d’autres espaces. Il y a une évocation au baroque, inspirée des jardins à la française. J’ai mis en espace une phrase de footwork, écrite par le danseur Raza, de la scène house, et des danses « libres ». C’est un spectacle qui réunit la danse et la musique, que Joël a écrit parallèlement à la danse et qu’il joue en direct, à la guitare. C’est un spectacle vivant qui traverse toutes les émotions et joyeux, même si l’on aborde la question de l’oubli de nos cultures. Un spectacle très actuel aussi.
-Comment expliquer votre présence aux Hivernales ?
–Pour créer cette pièce, j’ai été accompagnée par les Centres de développement chorégraphique, dont font partie les Hivernales. C’est une coproduction, présentée pour la première fois en mai 2024 et jouée plus de vingt fois depuis.
Propos recueillis par MF.A. Photo Soa Ratsifandrihana (portrait) & Harilay Rabenjamina (groupe)INFOS PRATIQUES
Samedi 8 février, 18h, durée 1h20, théâtre Benoît XII, 12 rue des Teinturiers, Avignon. Tarifs : 23 €/15 €/8 €. Réservations au 04 90 11 46 ou au théâtre l’Oriflamme (3-5 rue du Portail-Matheron). Tout sur le site des Hivernales.
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