Au sein de l’entreprise fondée à Saint-Didier village du Vaucluse par Pascal Quoirin, devenue une Scop le 10 décembre 2020, travaillent une douzaine d’artisans spécialisés. Raphaël, fils de Pascal, est tuyautier, et, à ce titre, a participé à l’harmonisation de l’orgue de Notre-Dame de Paris après l’incendie du 15 avril 2019.
Mais comment devient-on tuyautier ? « J’ai fait un bac pro de facteur d’orgue, à Eschau en Alsace : c’est la seule formation qui existe. C’était il y a 7 ans. Mais il y a plusieurs aspects. Une partie tuyauterie, puis trois ans pour devenir organier (spécialiste des buffets d’orgue), plus deux ans. » On imagine que Raphaël est tombé dans l’orgue depuis son enfance. Il rit : « Pas du tout. J’avais d’abord essayé de m’en écarter le plus possible, en partant à 1.000 kilomètres de mes parents pendant 12 ans. J’ai été cuisiner, dessinateur, j’ai monté mon entreprise. Puis je suis revenu, plus mature.» Ces excursus n’ont pu que lui donner une ouverture d’esprit, une richesse d’expérience ; il rectifie : « Surtout de la rigueur, de l’organisation : j’en ai eu besoin pour survivre. Je suis devenu plus responsable. J’ai appris à aller jusqu’au bout, à communiquer aussi. »
On imagine qu’en arrivant à l’atelier, il est immédiatement devenu tuyautier, harmoniste ? Encore une fois, pas du tout. « Quand je suis arrivé, j’étais ébéniste. Je n’avais pas fait le choix d’être harmoniste Je ne suis pas musicien, tout juste mélomane. C’est mon père qui a fait ce pari osé, que je devienne tuyautier. Il m’a pris comme apprenti. Mais succéder à Pascal Quorin, c’est une sacrée signature ! » Et le reste de la fratrie ? « Ma sœur a aussi sa propre entreprise d’orgue, mon frère aussi, tous les deux à Pernes-les-Fontaines », à moins de dix kilomètres de Saint-Didier. Une rude concurrence ? « Nous sommes plutôt complémentaires, entre tuyautier et harmoniste. D’ailleurs ma sœur a embauché ma femme. On répare les orgues en fonction de la taille de l’entreprise. » Le jeune papa qu’est Raphaël rêve-t-il que son fils Bartholomeo le rejoigne ? « On verra, dit-il en souriant, il n’a que 10 mois. Mais il adore déjà l’orgue, il aime sa sonorité. Ce qu’il préfère c’est une Toccata, sur les enceintes ou en vrai. En tout cas, il faut que la personne joue bien, sinon il manifeste qu’il n’apprécie pas ! » Mais une question nous poursuit : comment peut-on être tuyautier sans être musicien ? Cela semble tout simple : « On connaît l’orgue à la messe. Moi j’essaie les combinaisons qui seront faites sur l’instrument ; la musique reste mathématique ; on fait des quintes, des tierces, des octaves, on répète… »
Propos recueillis par G.ad. Photos G.ad.
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