« C’est incroyable ce que Beaumarchais fait dire à ses personnages ! »
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De retour dans le Off à La Scala, Philippe Torreton reprend un classique, La folle journée, le Mariage de Figaro, de Beaumarchais, dans une mise en scène vitaminée de Léna Bréban. Nous avions rencontré le comédien en 2024 devant la Scala-Provence, un des hauts-lieux des « people » et des valeurs éprouvées ; nous le retrouvons devant le même théâtre.
-Philippe Torreton, comment s’est passé le travail avec Léna Bréban ?
-Un délice, de bout en bout ! J’ai l’impression d’avoir trouvé une sœur de théâtre, alors que l’on ne se connaissait pas. Il y a une franchise, une science du plateau, du rythme, de l’énergie, sans jamais rien sacrifier à l’autel de l’efficacité. Mais elle est très efficace. Ce qu’elle voit, c’est juste. Et elle sait comment organiser les choses collectivement. C’est important dans une pièce chorale, à dix au plateau. En 1 h 55, le public se prend un courant d’air frais, d’insolence, de pensées, de dénonciations. Beaumarchais est l’un des auteurs qui a écrit les plus belles choses sur la condition féminine. C’est incroyable ce qu’il fait dire à ses personnages ! Dix ans avant la Révolution française, il a osé dire des choses sur le pouvoir absolu, cette société figée où rien n’était accessible si l’on n’était pas noble. Je me demande comment il a pu penser que sa pièce ne serait pas censurée ! Mais pour moi, l’interdire fut l’une des plus grosses erreurs de Louis XVI…
-Aviez-vous déjà joué du Beaumarchais ?
-Oui. Figaro, dans Le Barbier de Séville, à la Comédie-Française. Puis un petit rôle dans La Mère coupable, le troisième volet de la trilogie. Il manquait la masterpiece. Je suis très content de pouvoir la faire !
-Après le duo Lazzi, vous renouez avec une troupe de théâtre.
-J’aime bien le fait de vivre ensemble, s’épauler, s’écouter. À la Comédie-Française, j’étais souvent en coulisses. Je crois que j’ai beaucoup appris dans le noir des coulisses, en regardant les autres, en les écoutant. C’est tout le talent de Léna d’avoir su réunir des individualités et de les souder autour de ce projet. Sur scène, on est chorégraphiés. Ça suppose aucun relâchement et c’est épuisant. C’est très engageant car le texte, très construit, n’est pas facile à dire. Si on est un peu mou, on peut être sûr d’écorcher des mots. Ce métier demande du travail donc du sérieux. Mais c’est joyeux. Même quand on est fatigué, c’est merveilleux de faire du théâtre !
-Comme en 2024, vous jouez à La Scala.
-On joue dans de bonnes conditions même si c’est une gageure de gérer 41 spectacles dans une même bâtisse. Le lieu est beau. Les gens sont bien accueillis. Peu importe si les loges sont petites. Je n’y reste pas. J’aime être sur le plateau ou pas loin ! Dès que je suis habillé, je suis sur la scène, je parle avec les techniciens, je dis mon texte, je fais des exercices. Je suis là tout simplement et je suis bien !
-Avignon, le Festival, ça vous plaît ?
-Je l’ai connu il y a 26 ans avec Marie Vialle qui joue Suzanne. On jouait ensemble Henry V dans la Cour d’Honneur. Mais je n’ai rien vu de ce Festival à l’époque. Je ne suis revenu que pour Lazzi en 2024 et j’ai trouvé ça tellement sympa !
-On vous revoit en 2026 ?
-Pas en 2026, mais en 2027 certainement, à La Scala avec une nouvelle pièce. Léna Bréban a envie d’adapter pour la scène le livre que j’ai écrit sur ma grand-mère en 2014, Mémé.
Propos – et photo – recueillis par Marie-Félicia.
La Scala, 3 rue Pourquery-de-Boisserin. À 18h30. Jusqu’au 27 juillet (relâche le 21). Résa. 04.65.00.00.90.
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