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« J’ai besoin de faire des personnages qui vont vers la lumière »
Révélée au cinéma en 1998, dans le film La Vie rêvée des anges d’Érick Zonca, qui lui vaut le César du meilleur espoir féminin et le prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes, Natacha Régnier incarne Pannonica (1913-1988) à la Scala Provence dans le cadre du Festival Off d’Avignon 2024.
-Pourquoi cette nouvelle pièce sur Pannonica ?
-Après Pannonica baronne du jazz, créée en juin 2023, je voulais encore parler de cette femme, avec un spectacle plus proche de celle dont je trouve l’histoire remarquable. Pannonica papillon du jazz est une vraie création avec un texte remanié par Gérard Savoisien, qui signe aussi une nouvelle mise en scène. Je me suis entourée de nouveaux partenaires, comme Fabrice Roux, mon producteur, et Frédéric Biessy qui nous accueille à la Scala. Il y a aussi deux musiciens, du jazz.
-Qu’est-ce qui vous fascine chez elle ?
-Elle s’est émancipée d’un milieu parce qu’elle s’étiolait. Elle a inventé sa vie. En se libérant, elle a tenté de libérer d’autres personnes avec elle, ces fameux jazzmen qu’elle a managés, soutenus, logés. Je trouve que c’est beau de raconter l’histoire de cette femme qui, dans les années 1950, contre sa famille, contre la société a affirmé des choix et déployé sa vie.
-Vous retrouvez-vous en elle ?
–Oui beaucoup [rires]. Ce n’est pas la même époque. Mais j’ai eu comme elle une éducation très sévère et je n’aurais pas pu rester dans le carcan qui m’était imposé. Dans mon métier, j’ai trouvé un chemin d’émancipation, ma colonne vertébrale. J’ai pu faire ces choix de liberté, au détriment du confort, pour être dans quelque chose de juste par rapport à moi.
-On vous a beaucoup vue au cinéma. Aimez-vous autant le théâtre ?
-J’adore les deux exercices. Quand j’ai commencé le cinéma, j’avais été virée d’une école de théâtre d’une manière tellement brutale, qu’au début j’étais dégoûtée du théâtre. J’étais tellement gâtée au cinéma que j’ai enchaîné les films, jusqu’à ce que je me retrouve sur scène en chantant en tournée avec Yann Tiersen. Je me suis rendu compte que la scène me manquait énormément.
-J’ai besoin de faire des personnages conséquents, qui racontent des choses intéressantes et différentes, des personnages qui vont vers la lumière. Le théâtre s’y prête bien. Aujourd’hui, les projets arrivent moins au cinéma que lorsque j’avais 20 ans. Et pourtant, j’ai toujours besoin d’exprimer des choses. Je ne voulais pas être dans une situation d’attente. Alors j’ai décidé de relever mes manches, de créer mes projets. Quand Olivia Elkaïm m’a parlé de ce personnage, j’ai tout de suite voulu la défendre.
-C’est votre 3e Off à Avignon. Vous aimez ?
-J’adore cette émulsion de jouer mon spectacle et de pouvoir en voir plein d’autres ! Je suis autant comédienne que festivalière. C’est une période très joyeuse que je n’ai découverte qu’en 2022, quand j’ai commencé le théâtre privé.
Propos recueillis par MF.A.
A la Scala Provence, 3 rue Pourquery de Boisserin. Jusqu’au dimanche 21 juillet, à 13 h 50. Relâche les lundis. Résa. 04.65.00.00.90.
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