Ils sont alternativement, et l’un pour l’autre, danseurs, metteurs en scène, chorégraphes. Marie-Claude Pietragalla sera « La Femme qui danse » – nous l’avions déjà interviewée pour ce spectacle au Festival Pierre Cardin de Lacoste (84) -, mise en scène par Julien Derouault à l’Auditorium départemental du Thor (84) le samedi 7 mai 2022, et Julien Derouault dansera Dans la solitude des champs de coton, chorégraphié – une première ! – et mis en scène par « Pietra » le vendredi 29 avril 2022 au théâtre du Balcon à Avignon (84). La pièce de Bernard-Marie Koltès (1985) met aux prises un dealer et un client, dans une situation de commerce et de dépendance, un conflit qui monte jusqu’à l’affrontement ultime, dans une Afrique conventionnelle et imaginaire ; elle ne cesse d’être mise en scène, notamment au Festival d’Avignon.
Nous avons également interviewé Julien Derouault, le danseur, pour cette même œuvre.
Nous les retrouverons quelques mois plus tard lors du Festival Off d’Avignon, l’une et l’autre.
-Marie-Claude Pietragalla, quel regard porte la metteure en scène et chorégraphe sur cette œuvre ?
« Chacun des deux personnages se dévoile, chacun joue l’un avec l’autre comme deux animaux qui se jaugent, se sentent, se reniflent, jusqu’au final « Quelle arme ? ». Ce sont deux mondes mentaux qui s’affrontent, et deux mondes chorégraphiques. Il y a Julien, avec son passé de danseur classique, contemporain et hip-hop. Et il y a Dexter, porteur de la culture africaine dont il est nourri, porteur de cette terre. Ces deux mondes se heurtent dans un choc de titans. Ils portent en eux deux mondes, dans un univers indéfini. Et quand je réentends le texte, je crois y trouver une espèce de schizophrénie, deux faces d’un même personnage, comme un monstre à deux têtes. Une expérience exceptionnelle. Et il y aussi les lumières, comme 3e personnage, signées d’une jeune créatrice, une femme, ce qui est rare.
-Un partenaire que vous connaissez aussi bien peut-il encore vous surprendre en tant que danseur ?
-En tant qu’homme, d’abord (rire). Et en tant que danseur, et créateur. On travaille tous les deux sans complaisance, en étant très attentifs à tous les détails. Julien arrive toujours à me surprendre sur scène. On le vit de la même façon, dans l’immédiateté, l’urgence ; on se révèle, on se réinvente. C’est l’essence du spectacle vivant, qui est toujours une re-création, toujours différente. Chaque soir, tout dépend des ondes qui circulent, de l’énergie, du public, du partenaire.
Propos recueillis par G.ad. Photo Pascal Elliott
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