En amont des Olympiades de l’Opéra de Gordes (26-07-2024)
A chacun des artistes nous avons posé les mêmes questions, souvent entre deux avions ou en coulisse d’une scène prestigieuse…
1.Quelle a été votre première rencontre avec Raymond Duffaut ?
2.Quel a été votre premier projet artistique avec lui ?
3.Quel est le conseil le plus précieux qu’il vous ait donné ?
4.Quelle est sa principale qualité, et éventuellement son plus gros défaut ?
Karine Deshayes, soprano
« C’est très facile, il était dans mon jury de fin d’étude en juin 1998. J’étais juste sortie du CNSM de Paris quand il m’a auditionnée. Puis je suis partie me perfectionner en troupe pendant 4 ans à Lyon. Notre grande rencontre s’est faite en 2002, dans le jury de Voix nouvelles.
Ensuite, il m’a énormément engagée, à Avignon, aux Chorégies, dans de nombreuses prises de rôle ; il a su me faire confiance. A Orange, deux fois Mercedes (Carmen), puis Fenena (Nabucco, NDLR), la Force du destin, Boulotte dans Barbe-bleue, A Avignon, Roméo dans les Capulet, puis Sesto (la Clémence de Titus, NDLR).
J’ai toujours beaucoup parlé avec Raymond. Il a été très important dans mon parcours personnel, et dans celui de mes amis chanteurs. Il connaît tellement bien les voix ! Il suit toutes les répétitions. On peut lui faire confiance quand il dit : « Tu peux aborder, ou différer tel rôle. » Avec Nicolas Joël et Hugues Gal (récemment disparu, NDLR), ils sont mes papas lyriques (rire)… ç’a été une chance pour moi, d’avoir Raymond pour mes premiers pas, mon début de carrière, mes prises de rôle ; j’ai toujours pu parler avec lui. On sait mener une carrière quand on est bien conseillée : on voit les enjeux et on se sent rassurée. Il ne s’est jamais trompé, quand il m’a dit : « Tu chanteras Carmen, ou Roméo… » Il m’a dit de différer dans Berlioz, et, alors que je suis mozartienne, je n’ai pas abordé Elvire tout de suite ; de même j’ai fait Mercedes puis Carmen.
Et c’est quelqu’un qui bouge, il faut le dire ! Il vient nous voir chanter dans toute la France, et même pour une Flûte jusqu’à Salzbourg ! Et il nous suit, avec affection. C’est quelqu’un qui nous aime et qu’on aime comme un papa. On commence par le vouvoyer comme directeur, puis on passe au tutoiement.
Une qualité ? Une seule ? La générosité, que ce soit quand il offre des rôles ou quand il invite à dîner chez lui.
Un défaut ? Il aime le coca ! (éclat de rire). »
G.ad. Photo G.ad.
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