Hugues Aufray donnera, mardi 21 décembre 2021, un concert de Noël à la cathédrale Saint-Siffrein de Carpentras (84), le début d’une « tournée des cathédrales ». A 92 printemps, l’artiste est chaleureux, volubile, avec une énergie débordante et une envie toujours décoiffante de refaire le monde.
-Hugues Aufray, vous avez en ce moment une actualité particulièrement riche : plateaux (Les Enfants de la Télé dimanche 12 décembre), studios, et cette tournée dans les églises que vous commencez mardi…
–Dans les cathédrales, dans les collégiales… Oui, autrefois on faisait, l’été, la tournée des plages, des casinos ; ensuite, est venue l’époque des concerts, dans des zéniths immenses sortis de terre ; maintenant, ce qu’on appelle tournée n’en est plus vraiment une. Autrefois, avec 20 chansons dans les cabarets on tenait toute une vie ; aujourd’hui, au bout de 10 ans on est fini… sauf si on a des copains à la télévision !
-Mais vous, quel est justement votre secret pour durer ?
-(sourire) Il n’y a pas vraiment de secret. Contrairement à tous les autres chanteurs, je n’ai pas rêvé de ce métier. Comme ma petite sœur qui nous a quittés trop jeune (l’actrice Pascale Audret, ndlr), je ne souhaitais pas être riche ni célèbre ni vedette. Je rêvais d’être peintre ou sculpteur. Et aujourd’hui, après 45 ans, j’ai changé de vie, j’ai vendu ma maison de Marnes-la-Coquette pour m’installer dans un endroit magique, à Marly-le-Roi, dans la maison du plus grand sculpteur français, Aristide Maillol, qui était fermée depuis la mort de Maillol. Et ma jeune compagne (Muriel Megevand, de 45 ans sa cadette, NDLR) me partage son énergie.
-Comment êtes-vous venu à la chanson ?
–En Espagne où je terminais mes études, j’ai découvert la guitare, et la puissance incroyable de la musique folklorique du monde, notamment d’Espagne et d’Amérique, du Nord et du Sud, et de Bob Dylan, le Rimbaud chantant… J’ai traduit, adapté… Et si je suis encore là, c’est que j’ai toujours été hors du temps : je n’ai jamais été yéyé. On me traitait de boy-scout, moi qui n’ai jamais été scout. Mais si les scouts me chantent, c’est qu’ils trouvent en moi des valeurs qui correspondent aux leurs.
-Votre concert de mardi sera-t-il un mariage de chansons anciennes et de nouveautés ?
–Evidemment j’aurai 50% de répertoire connu ; mais j’ai toujours aimé, quand j’écoute un concert, découvrir des nouveautés ; alors, vous entendrez aussi des chansons très récentes, et d’autres, tellement anciennes et ignorées que vous les croirez nouvelles !
-Chanter dans une église, et dans la période de Noël, n’est pas anodin. Avez-vous la foi ?
–Tout être vivant a la foi ; la foi, c’est le respect de la vie. J’ai la foi sans être pratiquant. Et quant à Noël, pour moi c’est avant tout la naissance de Jésus, et pas la fête du foie gras !
-Comment avez-vous vécu l’année Covid ? Etiez-vous abattu par le contexte inquiétant, ou serein devant une nouvelle respiration qui s’offrait ?
–Pas du tout abattu, même si j’ai souffert comme tout le monde. J’ai enregistré récemment le double disque qui était déjà prévu, Autobiographie. Les concerts annulés ont été reportés, mais j’ai pu maintenir malgré tout certains concerts, avec 1/4 de jauge. Je n’ai pas touché un centime de subvention. Et je prépare une « Integrale Hugues Aufray » : c’est beaucoup de travail. Je ne me suis jamais arrêté.
-Combien de chansons représente cette intégrale ?
–Plus de 450. Je m’aperçois avec horreur que j’en ai écrit beaucoup trop. Mais j’ai encore toute la vie devant moi (rire)…
Propos recueillis par G.ad. Photo d’après-concert, G.ad.
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