« Je ne voulais ni être chanteuse, ni être connue, ni faire carrière ! »
Chantal Goya, pourquoi pas ? Nous nous refusons à tracer une ligne de démarcation-discrimination entre la musique « savante » et le spectacle « populaire ». Le spectacle Musiques en Fête, des Chorégies d’Orange, ne doit-il pas justement son immense succès, depuis plus d’une décennie, à un heureux mariage de toutes formes de spectacle ?
Ainsi, star des petits et des grands depuis 50 ans, Chantal Goya sera sur « la route enchantée de Marie-Rose » à Confluence Spectacles (site officiel) samedi 19 octobre à 14 h 30 (voir notre compte rendu). À 82 ans, l’artiste n’a rien perdu de son enthousiasme.
-Quel est votre secret de la jeunesse éternelle ?
–Ma joie de vivre peut-être ? Je suis née comme ça. C’est dans mes gènes. Ma mère et ma grand-mère sont restées jeunes et joyeuses toute leur vie. Peut-être aussi par mon enfance au Vietnam. Sur scène, dans la vie, je ne m’arrête jamais. En revanche, je suis toujours couchée à 21 h 30 et levée à 7 heures ! Je ne bois jamais d’alcool, je ne fume pas, j’élimine tout ce qui est négatif dans ma tête. Même quand c’est l’horreur, je trouve toujours des solutions et je reste positive, depuis toujours.
-Depuis 1966, vous êtes avec votre mari, Jean-Jacques Debout, qui signe vos spectacles…
-Je ne suis pas une girouette ! Je ne change pas de coiffure, pas de mari, pas de chansons. Changer, ça voudrait dire trahir tout ce qui est en moi et me représente. Impossible ! J’ai tout de suite su qu’il n’y aurait qu’un homme dans ma vie. Quand il m’a vue pour la première fois, j’avais 18 ans et il m’a dit : « On se mariera. On aura deux enfants. Vous serez célèbre à 30 ans et vous chanterez à l’Opéra. » Tout est arrivé. Il a vu en moi un truc que j’ignorais. Si je ne l’avais pas rencontré, vous n’auriez jamais connu Marie-Rose.
-50 ans de carrière, c’est incroyable !
–C’est aussi grâce à Jean-Jacques, qui m’a écrit des chansons avec de vraies mélodies. J’ai marqué l’enfance d’un très large public en France, en Belgique, un peu partout. J’ai eu la chance de faire de très beaux spectacles tout de suite, qui sont restés dans la mémoire collective. Les gens connaissent mes chansons, les apprennent à leurs enfants. C’est une suite naturelle ! Je suis toujours restée fidèle à mon public. Nommée Commandeure de l’ordre des Arts et des Lettres, par Rachida Dati, en juillet 2024, je lui dédie cette médaille.
-Et vous n’avez jamais voulu être chanteuse !
-Je ne voulais ni être chanteuse, ni être connue, ni faire carrière ! Je voulais rester libre de mes choix. C’est arrivé d’un coup sur moi. Je suis allée voir Daniel Filipacchi, grand professionnel des médias, pour travailler dans la presse. Quand il m’a vue, il a dit à Jean-Jacques : « Ecris-lui des chansons, je vais la produire tout de suite ! » Je n’étais pas contente ! Je l’ai fait, mais pour moi, je n’étais pas une chanteuse. Une chanteuse c’était Édith Piaf, Marlène Dietrich, Barbara Streisand. Pas Chantal Goya ! Mais le public m’a choisie, après une émission de télévision des Carpentier où j’ai chanté « Adieu les petits foulards ». Heureusement, il y avait un génie auprès de moi, Jean-Jacques Debout.
-Quel est votre public ?
–Les petits d’hier, qui ont 45 ans aujourd’hui et qui emmènent leurs enfants, avec la grand-mère aussi car c’est grâce à elle qu’ils m’ont découverte. Il y a trois ou quatre générations. Jamais je n’aurais imaginé faire 50 ans ! Mais Barbara me l’avait prédit en 1982, quand elle est venue voir La Planète merveilleuse. Dans ma loge elle m’a dit : « Dans 50 ans, tu seras là. Ces enfants, tu vas les faire rêver toute ta vie ! »
-Avec La route enchantée, quel spectacle le public va voir ?
-J’ai voulu offrir au public un mélange de tout. Il y a Polichinelle, Pinocchio, Bécassine, Guignol, Panda, la forêt de Brocéliande… Les gens veulent les voir et j’ai tout gardé d’époque. Les costumes n’ont pas changé. On est une dizaine sur scène et pour les 50 ans, le 25 mai au Palais des Congrès, on sera beaucoup plus nombreux ! C’est toute l’enfance qui revient à leurs yeux d’un coup. Je représente beaucoup de choses qui étaient des bons moments de leur jeunesse, en famille.
Propos recueillis par MF.A.
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