Retrouver son œil et son oreille d’enfant
Samedi 23 mars 2024, 16h, 45 min., L’Autre Scène, Vedène (84). Spectacle familial, à partir de 6 ans
Quatuor de l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie. Violons, Jean-Frédéric Molard et Red Gjeci. Alto, Kela Canka. Violoncelle, Hans Vandaele
Clown, claquettes, contrebasse, Anne-Sophie Delire
Œuvres de Félix Mendelssohn-Bartholdy, Wolfgang Amadeus Mozart, Claude Debussy Jules Massenet, Yves Montand, Maurice Ravel…
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Un spectacle familial de moins d’une heure, rafraîchissant et de bon aloi.
La désacralisation de la musique classique pour jeune public est déjà devenue elle-même un classique, mais sert parfois de prétexte au pire (nous nous abstiendrons de tout exemple).
Mais elle peut aussi donner libre champ au meilleur. C’est ce que propose l’Orchestre de Chambre de l’Opéra Royal de Wallonie, une adresse de référence ! Et le programme est éclectique, traversant genres et époques, dans le cadre de l’opération « ORCW For Kids ». « Un quatuor à cordes, annonce le programme, s’accompagne sur scène d’un personnage fantasque qui va tout mettre sens dessus dessous »… De fait, le 5e larron n’« accompagne » pas ; il participe pleinement, il souffle joliment impertinence et poésie. Sans un mot, de bout en bout.
Les musiciens se promènent avec talent et légèreté entre jolies phrases mélodiques du 1er violon (qui part à la poursuite de la clowne… tout en continuant à jouer la Méditation de Thaïs), pizzicati profonds de la contrebasse, jeu d’archet velouté de l’alto, et continuo délicat du 2nd violon… A chaque pièce musicale, un épisode circassien ; à chacun de ces instants, une atmosphère. On s’en voudrait de dévoiler tous ces moments de grâce enfantine ; les rires ont fusé avec un vrai bonheur, et les interactions avec la salle (un bambin du 1er rang, ou les genoux d’un senior, sollicités…) y contribuent sans doute.
Mais le bon goût des gags, toujours justes, et la roborative complicité qui unit les 5 artistes dans une synergie artistique constructive, donnent le ton et signent une réelle qualité. Quant à la musique, elle n’est pas perçue, même par un public majoritairement jeune, qu’en simple accompagnement ou faire-valoir, comme nous le redoutions. A contrario de certains adultes dans des concerts traditionnels, aucun applaudissement intempestif n’a jailli avant que la dernière note de chaque morceau ne se soit envolée, même si la clowne avait fini sa pirouette quelques secondes plus tôt. Un concert rondement mené, autour du clou de la séance : un Boléro inédit, acrobatique et pyramidal… aussi inattendu que les innombrables versions déclinées par le générique – génial – du film éponyme d’Anne Fontaine, sorti il y a quelques jours à peine : il ne se passe pas 15 minutes sans que se joue le Boléro quelque part dans le monde ! Et quand en bis les 5 musiciens ont entamé La marche de Radezsky, il ne manquait que quelques roses et quelques musiciens pour se croire au Concert de Nouvel an de Vienne !!!
G.ad. Photos G.ad.
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