Enfin le retour d’Elīna Garanča !
Jeudi 18 juillet 2024, Festival d’Aix-en-Provence au Grand Théâtre de Provence
Mezzo-soprano, Elīna Garanča. Piano, Malcolm Martineau
JOHANNES BRAHMS (1833-1897), Liebestreu (Cour fidèle) ; Geheimnis (Secret) ; Heimweh II(Mal du pays II) ; Alte Liebe (Ancien amour) ; Die Mainacht (Nuit de mai) ; Von ewiger Liebe (D’amour éternel). JĀZEPS MEDIŅŠ (1877-1947), Sapņojums (Rêverie). ALFRÊDS KALNIŅŠ (1879-1951), List klusi (ll pleut doucement) ; Sapņu tālumā (Au loin, dans les rêves). JĀNIS MEDIŅŠ(1890-1966), Nocturno (Nocturno) ; Tā ietu (J’irais) ; Ak, jūs atmiņas (0h, souvenirs). JĀZEPS VĪTOLS (1863-1948), Sapņu tālumā (Au loin, dans les rêves) ; Aizver actiņas un smaidi (Ferme les yeux et souris) ; Man prātā stâv vēl klusā nakts (Dans mon esprit la nuit silencieuse). RICHARD STRAUSS (1864-1949) Zueignung (Dédicace) ; Winternacht (Nuit d’hiver) ; Schön sind, doch kalt die Himmelssterne (Les étoiles du ciel sont belles, mais froides) ; Wie sollten wir geheim sie halten (Comment pourrions-nous tenir secrète) ; Allerseelen (Jour des morts) ; Heimliche Aufforderung (Invitation secrète) ; Befreit (Libérée). SERGUEÏ RACHMANINOV (1873-1943) Nié ver mnié, droug (Ne me crois pas, mon amie) ; Outro (Matin) ; Son (Rêve) ; O, nié grousti (Ne sois pas triste) ; Oni otvétchali (Elles répondaient) ; V moltchanii notchi taïnoï (Longtemps dans le silence de la nuit) ; Vesennié vody (Torrents printaniers).
Le Festival d’Aix-en-Provence avait sensiblement contribué au lancement de la carrière internationale d’Elīna Garanča ; c’était en 2005 où elle chantait Dorabella dans le Così fan tutte mis en scène par Patrice Chéreau. La mezzo-soprano lettone est devenue depuis l’une des plus recherchées par les plus grandes maisons internationales, entre New-York, Milan, Londres, Paris et bien d’autres. Elle n’était pas passée par Aix depuis cette date, donc presque vingt ans, et elle y est de retour pour un récital donné dans la grande salle du Grand Théâtre de Provence, qui ne fait pas exactement le plein ce soir. Elle est accompagnée par Malcolm Martineau, pianiste spécialisé dans l’exercice du récital et partenaire des plus grandes stars actuelles du chant.
Dans les six lieder sélectionnés parmi les divers cycles de Johannes Brahms, on retrouve d’emblée le timbre riche et profond, ainsi que la musicalité parfaitement précise de cette chanteuse actuellement au sommet de son art. Malgré l’enchaînement de rôles souvent très lourds à la scène (comme Dadila, Eboli, Amneris…), la mezzo a conservé la qualité et la rondeur de son instrument, conduisant sa ligne avec élégance. C’est ensuite un intéressant panorama de compositeurs lettons qui nous est proposé, entre les frères Jāzeps Mediņš (1877-1947) et Jānis Mediņš (1890-1966), Alfrēds Kalniņš (1879-1951) et Jāzeps Vītols (1863-1948). Ces jolies pages sont souvent empreintes de tristesse, aux accents musicaux qui évoquent régulièrement certains compositeurs russes de la même période, on pense à Sergueï Rachmaninov (1873-1943) en particulier.
On retrouve justement Rachmaninov en seconde partie, après l’entracte, dans sept romances extraites de plusieurs cycles du compositeur, une musique qui convient idéalement à cette interprète, entre passages sanguins et d’autres plus élégiaques. Avant cela, sept lieder de Richard Strauss sont interprétés, sur un chant toujours aussi propre, un texte ciselé avec soin, donnant au récital une atmosphère typique d’un Liederabend germanique, qui se tient en général à bonne distance du répertoire lyrique le plus connu.
Une autre romance de Rachmaninov est accordée en bis, avant l’un des « tubes » de Carmen, soit l’air « L’amour est un oiseau rebelle ». Garanča sort cette fois de sa réserve, que le spectateur pouvait ressentir jusqu’à présent comme une froideur contrôlée, pour se déplacer sur la scène et lancer quelques œillades en direction du public. Une berceuse espagnole vient ensuite calmer les esprits et conclure le récital.
I.F.© Vincent Beaume
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