Ludwig VAN BEETHOVEN – Ouverture d’Egmont, op. 84
Johannes BRAHMS – Double concerto en la mineur pour violon et violoncelle
Ludwig VAN BEETHOVEN – Symphonie n° 5 en ut mineur, op. 67
Orchestre Régional Avignon-Provence
Orchestre Symphonique de l’Opéra de Toulon
Amiram Ganz, violon. Sonia Wieder-Atherton, violoncelle. Debora Waldman, direction
Les Musicales du Luberon investissent un nouveau lieu, la cour de l’école Jean Giono, dont le mur révèle une très bonne acoustique, et dans une météo parfaite pour cette soirée de plein air. Ce partenariat récent contribue au désenclavement d’une commune vauclusienne excentrée, et offre aux Musicales de nouveaux espaces plus accessibles que l’église Saint-Luc de Ménerbes.
Pour ce concert de clôture du festival d’été 2019, les deux orchestres, de Toulon et d’Avignon, sont réunis sous la direction de Debora Waldman. Patrick Canac ignorait, lors de la programmation, que la jeune baguette deviendrait, au printemps, la première femme en France nommée chef permanent d’un orchestre, et précisément celui d’Avignon-Provence !
Dans l’Ouverture d’Egmont, les musiciens montrent souplesse et nuances dès les premières mesures, puis une belle montée en puissance et en rythme, et les cuivres donnent in fine toutes leurs couleurs.
On attend ensuite le Double concerto de Brahms, où doivent s’exprimer les solistes. Or ce n’est pas une œuvre majeure et elle n’a pas vraiment conquis le public, même si Sonia Wieder-Atherton nous avait confié en entretien préalable une tendresse toute particulière pour ce concerto.
Dans le 1er mouvement, la plainte acide du violoncelle est reprise au violon comme un duel apaisé par l’orchestre ; si les deux instruments solistes me semblent manquer de résonance, en revanche les flûtes sont délicieuses et à 21h30 (la grande horloge est directement dans notre champ visuel, sur le mur de l’école) nous savourons enfin un beau passage dans la complicité, qui sera confirmé par le charme délicat du 2e mouvement. Dans le 3e, on imagine des courses furtives, des cachettes, dans une atmosphère alerte et gaie, mais je ne trouve toujours aucune âme au violon malgré l’entente visible entre les solistes…
Si Sonia Wieder-Atherton a montré un grand engagement, son partenaire Amiram Ganz, très raide, n’a pas donné l’impression d’adhérer pleinement à l’œuvre sauf peut-être dans le 3me mouvement.
En seconde partie de soirée, voici la fameuse Cinquième de Beethoven.
Belle attaque énergique, même si le cor, un peu sec, déchire la nuit et semble raidir l’ensemble ; toutefois, la cheffe, qui dirige ce 1er mouvement à mains nues comme pour un chœur, reconstruit rapidement et modèle son ensemble dans une unité parfaite, avec un bon rythme très chaleureux.
Dans le 2e mouvement, Debora Waldman reprend la baguette et sculpte les nuances. Le cor anglais et les flûtes sont d’une délicatesse extrême. L’interprétation devient éblouissante, le visage de la cheffe est inspiré, attentif, et transmet à chaque pupitre un regard illuminé de gratitude.
On a vraiment l’impression d’un grand plaisir partagé, l’ovation du public le confirme.
La toute nouvelle directrice artistique de l’Orap (qui prendra ses fonctions en octobre 2020) a conquis le public par son élégance, son charisme et sa « douce rigueur » d’exécution !
Samuel Jean, son prédécesseur (1er Chef invité), avait su faire progresser l’Orap dans sa cohésion, et il semble bien que désormais cette progression puisse s’accentuer dans une ligne d’interprétation influencée par sa féminité. (Solo 84 & G.ad. Photos G.ad.)
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