Son nom était moins médiatique que ceux de ses confrères, Placido Domingo, Luciano Pavarotti ou José Carreras… ou même que sa compatriote Angela Gheorghiu, mais avec le ténor roumain Corneliu Murgu, né le 25 juillet 1948, c’est encore un grand talent de la scène lyrique qui s’est éteint ce 27 avril dans sa 73e année.
Raymond Duffaut, qui depuis plusieurs décennies a découvert, invité, promu, presque tout ce que le monde lyrique compte de talents, évoque ce « ténor lyrico-dramatique, doté d’une voix vaillante et extrêmement solide », et originaire d’une « Roumanie pépinière d’excellents chanteurs, à commencer par Angela Gheorghiù ». La Scala, la Fenice, Naples, Rome, Vérone… mais aussi Avignon l’avaient applaudi.
Jean-Louis Grinda (voir l’intégralité de l’entretien), actuel directeur des Chorégies, et qui travaillait dans les années 1980 à l’Opéra d’Avignon aux côtés du directeur Raymond Duffaut, se souvient de ce jeune ténor peu connu « à l’aigu magnifique », qui avait ici chanté Le Bal masqué de Verdi – œuvre dans laquelle il allait d’ailleurs faire, peu après, ses débuts au Metropolitan Opera de New York -. Ils s’étaient ensuite retrouvés à Toulon quand Guy Grinda, père de Jean-Louis, y était directeur de l’Opéra, en 1988-89 : le chef Myung-Whun Chung était venu spécialement sur place entendre ce ténor qu’il allait diriger à l’Opéra Bastille sur le point d’être inauguré.
Dans les années 2000, Corneliu Murgu est devenu directeur de l’Opéra de Timisoara, sa ville natale ; c’est alors à Eugénie Andrin (voir l’intégralité de l’entretien), toute jeune danseuse et chorégraphe formée au Ballet de l’Opéra d’Avignon, qu’il a offert la chance – inespérée quand on a 20 ans – de redonner souffle aux 22 danseurs du ballet de Timisoara ; deux autres productions ont suivi, « preuve que je ne l’ai pas déçu », sourit la chorégraphe. Elle se souvient d’un homme « charismatique, sur la scène et dans la vie, impressionnant, exigeant, mais tellement attachant, toujours bienveillant avec moi, chaleureux, et parlant très bien français, comme d’ailleurs la plupart de ses danseurs ». « Il était passionné par les jeunes artistes, précise Jean-Louis Grinda, et tous les chanteurs roumains qui se produisent aujourd’hui sur toutes les scènes mondiales, il les a tous fait débuter, tous ». Pour le 30 avril 2021, avait été programmée à Timisoara une mise en scène signée de Corneliu Murgu : Cavalleria Rusticana de Mascagni, une de ses œuvres fétiches, au même titre que Pagliacci de Leoncavallo.
G.ad.
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