Disparition de Christiane Eda-Pierre, soprano, sans doute la première noire à avoir mené une carrière internationale.
Encore une disparition, en cette année néfaste. Christiane Eda-Pierre, née le 24 mars 1932 à Fort-de-France (Martinique) est décédée à 88 ans le 5 septembre 2020 dans les Deux-Sèvres. Elle avait fait ses débuts dans notre région, à Nice en 1958, dans le rôle de Leïla des Pêcheurs de perles, aux côtés du baryton Gabriel Bacquier, lui-même décédé il y a moins de 4 mois ; elle avait été Papagena l’année suivante au Festival d’Aix-en-Provence ; 25 ans plus tard elle chante Olivier Messiaen, compositeur avignonnais (Saint-François d’Assise, qu’elle crée à l’Opéra de Paris).
Raymond Duffaut, tombé tout jeune dans la marmite lyrique, a reçu tous les grands noms, à l’Opéra Grand Avignon dont il a été pendant plus de 4 décennies le directeur puis le conseiller artistique, et/ou aux Chorégies d’Orange qu’il a dirigées pendant plus de 30 ans.
De Christiane Eda-Pierre, il dit : « Elle fut l’une des plus grandes soprani françaises (native de la Martinique). Peut-être pas l’une des plus médiatisées, mais certainement l’une des plus grandes ! Par l’élégance de son chant, la chaleur de son timbre, la perfection de sa musicalité qu’elle a pu mettre au service de générations de jeunes chanteurs.
Elle a chanté sur les plus grandes scènes, en sachant ne chanter que les rôles qui lui convenaient parfaitement.
Elle fut à Avignon une exemplaire et inoubliable Donna Anna, aux côtés du Don Giovanni de José Van Dam, sous la baguette de Gianfranco Rivoli et dans une mise en scène subtile, fidèle et élégante – comme elle l’était elle-même – d’André Batisse.
Ce fut également une admirable Konstanze, déjouant tous les pièges de l’un des rôles les plus redoutables de l’opéra.
Une très grande dame du chant ».
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