Les Concerts au coucher de soleil, de Verdi à Massenet
Oppède-le-Vieux, Collégiale Notre-Dame Dalidon (24-08-2019)
Solistes du Paris Symphonic Orchestra
Cyril Diederich, direction ; Camille Merckx, mezzo-soprano ; Gilen Goicoechea, baryton ; Jérôme Varnier, basse
Jules Massenet, La Vierge. Giuseppe Verdi, Simon Boccanegra. Georg Friedrich Haendel, Water Music. Giuseppe Verdi, Macbeth. Jules Massenet, Don Quichotte
Les deux grands compositeurs Jules Massenet et Giuseppe Verdi sont au programme de ce « concert au coucher de soleil » sur les hauteurs d’Oppède-le-Vieux, donné pour sa première partie à l’intérieur de la collégiale Notre-Dame Dalidon, les spectateurs prenant place ensuite à l’extérieur, assis sur le parvis de l’église.
La soirée démarre avec le prélude pour cordes Le dernier sommeil de la Vierge de Jules Massenet, et dès les premières mesures le chef Cyril Diederich installe une atmosphère recueillie, voire religieuse. On reconnaît des mélodies typiques du compositeur stéphanois, ce prélude à la quatrième partie « l’Assomption » de l’oratorio La Vierge pouvant rappeler la Méditation de Thaïs, bien rendu par l’effectif orchestral réduit à 12 cordes. Celles-ci sont rejointes par trois cors et une harpe pour l’air tiré du même ouvrage « Ah ! Je suis bien à vous, Seigneur ! » où la mezzo Camille Merckx fait admirer son timbre sombre, ce qui ne l’empêche pas de projeter vaillamment quelques aigus.
Place à Verdi pour l’un des chevaux de bataille des basses verdiennes, l’air de Fiesco « Il lacerato spirito », extrait de Simon Boccanegra. Jérôme Varnier s’y montre à l’aise, d’une remarquable texture vocale, un impressionnant creux dans le grave, et un italien de belle qualité. On sourit intérieurement lorsque les cors répondent aux cordes – à la place des habituels choristes qui chantent « Pietà » –, mais il n’est pas question d’installer ce soir un effectif symphonique et choriste complet dans la petite église ! Le séjour intérieur se termine par une incursion de Haendel et sa Water Music. Deux cors solistes sont positionnés en avant-scène de part et d’autre du chef, pour des extraits successifs au cours desquels ils font preuve de virtuosité et d’une certaine solennité.
Après que le public s’est assis à l’extérieur, pour beaucoup sur de petites marches au ras du sol, un autre air de Verdi est proposé avant le morceau de choix de la soirée. Le baryton Gilen Goicoechea interprète de sa voix joliment timbrée le grand air de Macbeth dans le 4ème acte « Pietà, rispetto, amore ». On remarque que le son des musiciens est beaucoup moins flatteur à l’extérieur, tandis que le soliste se tient à l’entrée de l’église, sous le haut porche, bénéficiant ainsi d’une acoustique plus puissante, certains échos de l’intérieur se faisant d’ailleurs entendre.
La plus grande partie du programme est dédié à l’opéra Don Quichotte de Massenet, dans une version annoncée resserrée, mais où tous les plus beaux airs écrits pour les trois solistes principaux sont présents. On retrouve les trois chanteurs déjà entendus : la belle Dulcinée de Camille Merckx, Gilen Goicoechea qui porte la perruque aux cheveux longs de Sancho Pança, et le Don Quichotte plus vrai que nature du grand et longiligne Jérôme Varnier. Il s’agissait apparemment d’une prise de rôle pour chacun des trois, ce qui rend la prestation d’autant plus remarquable. Concernant plus particulièrement le rôle-titre créé par le mythique Fédor Chaliapine en 1910, Don Quichotte correspond idéalement à la tessiture de basse réellement profonde de Jérôme Varnier, et l’on attend avec impatience de l’entendre prochainement dans un théâtre. Les solistes sont en costumes et le spectacle est mis en espace par Nadine Duffaut qui joue intelligemment de la topologie du lieu. Les artistes vont et viennent, par moments entre les spectateurs, et se placent souvent devant l’entrée de l’église, tandis que l’orchestre est en contrebas, le chef suivant constamment les trois solistes. L’air de Dulcinée provenant de l’intérieur de l’église est une petite merveille, Don Quichotte menace un grand if qu’il prend pour un géant, et à la fin de son air « Comment peut-on penser du bien de ces coquines ? » (« … La femme est un démon vicieux et malin, créé pour le malheur du sexe masculin… »), Sancho se fait cueillir par quelques gentilles huées de l’auditoire. La profonde mélancolie, la tristesse de la fin de l’opéra tire les larmes, lorsque Don Quichotte meurt de son amour impossible avec Dulcinée. (F.J. Photo Yvann Pennont).
Les deux soirées précédentes (ce mini-festival ne dure que quatre jours) proposaient un autre programme, avec un égal succès : « Hommage à Wolfgand Amadeus Mozart ».
A 19h30 dans la collégiale (durée environ 40’) : Adagio et Fugues pour cordes ; Vêpres solennelles d’un confesseur « Laudate dominum » pour soprano, avec Fabienne Conrad, que nous avons entendue il y a quelques semaines aux Chorégies d’Orange, dans Musiques en Fête (19-06-2019), puis dans la Déambulation lyrique des Saisons de la Voix de Gordes (22-06-2019). « Exsultate, Jubilate » K.165 – Motet pour soprano et orchestre, avec Irina Stopina
Sur le parvis de l’église (durée environ 40’) : Opéra Così fan tutte (version resserrée) pour sopranos, mezzo, ténor, baryton et basse, avec Fabienne Conrad, Irina Stopina, Bastien Rimondi, Gilen Goicoechea et Jérôme Varnier. Direction d’acteurs, mise en espace Nadine Duffaut. Récitante Camille Merckx (G.ad.)
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