Superbe et exigeant
Avignon-Reine blanche. Du 7 au 25 juillet, 17h, 1h20. Relâches : 13 & 20.
Réservations 04 90 85 38 17 et 01 40 05 06 96
Début du XXème siècle : un énigmatique personnage se terre dans un village de Pologne. Guérisseur célèbre, il ne veut (peut) plus exercer son don, son talent, dont il n’a jamais connu l’origine. Trop d’exigences émotionnelles, trop d’osmose avec ses patients l’ont conduit à la fuite, à l’isolement avec son cortège d’interrogations.
Il s’adresse aux deux femmes de sa vie dont l’une l’a quitté pour un médecin, troquant ainsi un soignant pour un autre. Deux hommes aux conceptions du soin opposées. Longtemps le médecin a tenté de faire condamner le guérisseur ; aujourd’hui, il le recherche pour apporter aide et soin à sa femme.
De ces moments de vie, de ces rencontres, le guérisseur fait un questionnement tourmenté alliant démarche métaphysique sur l’origine du don et prise en compte du réel, un va-et-vient avec soi-même. C’est aussi un cheminement philosophique sur l’art de soigner et la place de l’empathie « Moi, les gens qui allaient crever, ça me donnait envie de les prendre dans mes bras, de leur donner de la chaleur, de leur donner mon corps et ma vie, si vous voulez tout savoir ».
Elisabeth Bouchaud a signé un texte magnifique et exigeant qui active l’intelligence et la fait résonner. Un vrai moment de réflexion ; sans pathos, sans ennui.
Pour servir un tel texte, il fallait un acteur au sommet de son art. Voilà Grigori Manoukov qui investit pleinement son personnage. Il sait en faire ressortir les multiples facettes en lui donnant l’apparence et la voix tourmentées dignes d’une œuvre de Dostoïevski. Un exercice délicat dont il triomphe à merveille.
Un spectacle vraiment hors du commun et même hors du « commun de bon niveau ».
Une observation cependant : le titre, trop long et quelque peu ésotérique, peut rebuter.
A tout le moins, il paraît opportun de le scinder : soit « l’étoffe dont nos rêves sont faits », soit « la parabole du guérisseur »… mais il est permis de douter que le mot guérisseur soit « porteur » dans l’inconscient du public théâtral.
Alain
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Et notre présélection, évidemment subjective
Un peu de légèreté, avec notre jeu-concours culturel de l’été
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