Une expérience régénérante
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Dans les forêts de Sibérie. Théâtre des Gémeaux, 20h30. Durée 1h10. Du 1er au 31 juillet 2024.
C’est un spectacle dont on sort comme régénéré, purifié, à travers la glace coupante du lac Baïkal et le cocon d’une cabane perdue au milieu de nulle part. William Mesguich, qui joue la pièce depuis 300 fois, en portant la voix de Sylvain Tesson « délivre » – pesons le mot – le texte comme s’il l’inventait à chaque phrase ; chaque modulation cisèle les métaphores vibrantes, martèle les désespoirs, égrène le rythme des jours au long des six mois de solitude. On éprouve physiquement les hurlements du vent, la morsure de la neige, même bercés par Callas ou Peer Gynt. L’espace scénique s’est élargi depuis les premières représentations, rendant plus crédible et plus proche, cette solitude volontaire. Les lumières jouent une partition très variée d’une poignante sensibilité. Le « je » de l’écrivain, assumé par le comédien, amène chaque spectateur à une identification en miroir. Mais ce n’est pas une leçon de vie, c’est « la » vie, la pensée tranchante, exacerbée par l’isolement, les sensations polies par la cohabitation brutale avec soi-même. Le texte, magistral, d’une poésie incandescente, on voudrait se l’approprier, l’intérioriser. Surtout magistralement vécu par un comédien « habité ».
Geneviève, texte et photo
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