« J’ai tellement de choses à raconter ! »
Dans son spectacle, La Belle histoire, qu’elle joue à la Scala Provence les lundis, jours de relâche, Coline Serreau « nage dans le bonheur ». Le public aussi !
-Le Festival, vous connaissiez ?
–Oui, j’ai joué dans le In, dans des mises en scène de Benno Besson, il y a longtemps : Comme il vous plaira de Shakespeare (1976) et Le Cercle de craie caucasien de Brecht (1978). On n’avait pas de micro. On n’avait rien à l’époque et on était dans la Cour devant 3.000 personnes. Il fallait avoir de la voix. Je n’étais plus revenue depuis longtemps. Je trouve ça assez bluffant la vitalité que je sens ici. Le public est vraiment sympa !
-Ce spectacle est-il né d’une envie de vous raconter ?
-ça m’a toujours un peu gênée de me raconter. Mais en même temps, il y avait une envie de partager des expériences artistiques avec le public. J’ai une grande chorale à 40 personnes, un ensemble vocal et un duo vocal et je dirige des concerts depuis 17 ans, dans lesquels je parle beaucoup au public (à voir sur le site lachoraledudelta). Je sais tellement faire ça et j’ai tellement de choses à raconter ! Mon spectacle n’est pas centré sur moi. C’est un ensemble : bribes de mon histoire, expériences artistiques et réflexions sur notre société. Je ne veux pas embêter les gens, mais les rendre heureux. Il y a aussi le fait d’être une femme. J’ai vu l’évolution depuis mes débuts. Il y a eu une première vague. La deuxième, avec Metoo, est formidable parce que toutes les relations de dépendance, d’emprise, même les relations sexuelles sont remises en question, par beaucoup d’hommes aussi.
-Vous vouliez être seule en scène ?
-Oui. J’ai beaucoup été avec d’autres gens. Une équipe de cinéma, c’est 100 à 200 personnes ! C’est pas par ego, mais j’aime maîtriser un projet de A à Z : écriture, mise en scène, jeu et vidéos, comme celle de mon numéro de trapèze, à 47 ans. Le trapèze était une passion. J’en ai fait jusqu’à mes 60 ans. Si je n’avais pas été une athlète, je n’aurais pas tenu le coup.
-Dans le milieu artistique, vous avez tout fait !
-Tout me plaît : mise en scène, jeu, réalisation, écriture de théâtre, composition, direction. Je peins aussi et je fais de la photo. Si on est artiste, on est attiré par tous les arts. Je n’ai jamais eu envie de m’enfermer dans une seule chose. Ce n’est pas le pouvoir, mais la création qui m’intéresse.
-Parce que vous avez grandi dans ce milieu ?
-J’étais juchée sur des épaules de géants ! Ma mère avait un flaire littéraire incroyable. Elle était une grande écrivaine. Tous les matins, elle mettait devant moi des piles de livres que je dévorais, dès l’âge de 7-8 ans. Mon père nous a abandonnés. Mais c’était un très grand metteur en scène et un découvreur de talents. J’assistais aux premières de tous ses spectacles.
-C’est dommage que vous ne veniez que deux fois !
-Je crois que je vais revenir l’année prochaine, pour tout le Festival !
Propos recueillis par M.F.A.
A la Scala Provence, 3 rue Pourquery de Boisserin. Lundi 15 juillet, à 14 heures. Résa. 04.65.00.00.90.
Laisser un commentaire