Quand Chaplin veut « se payer Hitler » : émouvant, dense, prodigieux
Espace Roseau Teinturiers. Du 6 au 31 juillet, 14h25, durée 1h15. Relâches : 12 , 19, 26 Réservations 04 90 03 28 75
A ne surtout pas manquer !
En cette année 1939, Chaplin veut « se payer Hitler » qu’il trouve ridicule, dangereux, et qu’il devine fou. « Et en plus, ce crétin mal coiffé a osé lui voler sa moustache. »
Chaplin, génie visionnaire anticipe le drame que vont connaitre l’Europe puis le Monde. Le scénario de The great dictator est en marche.
Ce projet suscite l’effroi chez les proches de Chaplin, soucieux de ne pas le voir s’exposer dangereusement d’autant que le régime nazi – relayé fortement en Amérique -, multiplie les pressions pour l’empêcher d’aboutir.
Chaplin passe outre grâce à son courage et aussi à son indépendance financière acquise vingt ans plus tôt, lorsqu’il cofonda la société United Artists et obtint ainsi le contrôle total sur ses œuvres.
Pour Chaplin, cette année 1939 est celle des changements et des ruptures : le Dictateur est son premier film parlant, l’engagement politique (pacifisme) sous tendu par le film est crûment rejeté par une partie du public américain. Et la relation avec Paulette Godard s’étiole.
Le Dictateur fut à terme son plus grand succès commercial.
Mais comment concevoir un spectacle (et quel spectacle !) restituant un tel éventail de complexités liées à la personnalité de Chaplin et à la situation du monde ?
Rude et périlleuse gageure !!! Elle est pourtant excellemment relevée par Cliff Paillé, auteur et metteur en scène. Si le terme « inspiré » si fréquemment employé (trop), a un sens c’est à cette prestation d’auteur et de metteur en scène qu’il s’applique.
Et que dire des trois brillants acteurs ! ils nous font vivre « de l’intérieur » et avec intensité vivifiante ce moment d’h(H)istoire.
Une mention particulière pour Romain Ak qui crée un Chaplin bluffant de vérité. La longue scène finale où, face à son miroir, Chaplin quitte Charlot pour aller vers un autre personnage est un très grand moment de théâtre, émouvant et dense, empli d’une profonde humanité. Prodigieux.
Ce spectacle tout récent ne peut que voguer de succès en succès. Merci.
Alain
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Et notre présélection, évidemment subjective
Un peu de légèreté, avec notre jeu-concours culturel de l’été
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