Happés par le vertige
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Au Théâtre du Train Bleu Un spectacle musical de Joachim Latarjet et Sylvain Maurice. Avec Joachim Latarjet. Textes de Charles Pennequin. Composition originale de Joachim Latarjet. Son de Tom Menigault. Lumières de Rodolphe Martin.
La scène est un cube noir de 4 mètres sur 4. Joachim Latarjet y cohabite avec une série d’instruments dont il s’empare à tour de rôle : une guitare électrique, une basse, un tuba, un trombone, un baglama, sorte de petit bouzouki. Des micros et un ordinateur pour amplifier, modifier, moduler le son, la voix, les étirer en boucles hypnotiques. Tout à la fois musicien, chanteur, acteur, il a choisi de porter à la scène des textes du poète-performeur Charles Pennequin, tirés du recueil Pamphlet contre la mort. Une poésie qui creuse, s’enroule, se répète, « car la répétition, c’est ça qui fait la vie ».
La musique électro-rock en épouse le rythme, au plus près. Les mots tantôt chantés, tantôt dits ou slamés, s’y prêtent absolument. Ils poussent avec eux leur charge de colère, de drôlerie, de tristesse, Ils parlent des endroits où « c’est mort le soir », des gens à la vie bancale, comme ce père ouvrier, dans un texte coup de poignard « Le Père ce matin ». Ils explorent l’intériorité d’un être rêvant de créer une œuvre, un événement exceptionnel, « pour lui tout seul, dans sa tête ». Mots et musique, musique et mots se donnent à entendre, à voir. Le spectacle s’achève sur un recommencement, une boucle. On est happés par le vertige à l’œuvre dans cette performance-concert théâtralisée, très réussie, absolument fidèle à l’esprit du texte, portée avec élégance par Joachim Latarjet. On en sort avec l’envie de faire encore un bout de chemin avec Charles Pennequin, grand poète contemporain vivant.
Carina. Photo Christophe Raynaud de Lage.
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