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Théâtre des Carmes, 7-26 juillet, 13h45, durée 1h05, relâche les 13 et 20 juillet. Résa : 04 90 82 20 47
Entre humour et absurde, un spectacle fin et fort
Le fil se construit peu à peu, dans cette pièce qui vous prend de bout en bout, créée en mai au studio Hébertot… Dans l’obscurité, venu du fond de la scène (ou d’outre-tombe ?), un chant de femme s’élève, lancinant, sorte de psalmodie d’un autre temps. Puis, dans un dépouillement à la Godot, autour de lourds sacs entassés, deux fossoyeurs discutent : la chaux, pratique et rapide… Un monde plus ou moins décalé. Macabre ? Même pas. De mauvais goût ? Surtout pas. On va du rire à l’émotion, dans la profonde humanité de ces trois personnages anonymes. Car, parmi les innombrables victimes (pandémie, guerre ou catastrophe naturelle, triste reflet d’une réalité qui ne demande qu’à s’inviter), une femme réchappe. Stupéfaction, indignation : échapper à la mort, inconvenant ! D’ailleurs, y a-t-elle échappé ? Cette irruption de l’inattendu pose des questions encore plus existentielles… D’autant que cette femme parle aux morts, et devient un lien invisible entre les deux mondes.
Le texte de Laurent Gaudé, qui marie habilement absurde et poésie dans une langue fluide et forte, est servi par une équipe de haut vol : le fécond metteur en scène – ex-danseur classique – Alexandre Tchobanoff, et trois comédiens parfaitement « justes », issus des meilleures formations, certains s’étant aussi produits dans le Festival In ; belle présence scénique, diction parfaite, finesse d’interprétation, bravo.
Geneviève. Photo JON.D
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