Dimanche 12 mai 2024, 16h. Collégiale saint Didier, Avignon
B’Rock Vocal Consort & Orchestra
Agnès Kovacs & Margaret Hunter, sopranos ; Bart Uvyn & Marine Fribourg, altos ; Fabian Kelly & Thomas Köll, ténors ; Ulfried Staber & Hans Wijers, basses
David Wish & Ortwin Lowyck, violons ; Patrick Sepec, viole de gambe ; Tom Devaere, violone ; Karl Nyhlin, luth
Directeur artistique et claviers Andreas Küppers
« Monteverdi en Flandre »
Voir aussi toute la saison de l’Opéra Grand Avignon
B’Rock Consort (prononcer « bi-rock ») est un ensemble belge qui fêtera l’an prochain ses 20 ans ; il se produit essentiellement dans les contrées septentrionales – du moins vu de Provence -, et avec des artistes divers, dans des projets souvent transversaux.
B’Rock ? Le groupe n’a de « rock » que le nom, mais l’image « décoiffante » demeure néanmoins tenace dans l’esprit, même quand on sait que le glissement à « baroque » est si facile…
La formation s’inscrit dans une démarche analogue à celle des William Christie et Paul Agnew, Hervé Niquet, Christophe Rousset et autres Jean-Claude Malgoire, et bien sûr du Centre de Musique Baroque de Versailles (site officiel, https://cmbv.fr/ ), centre de création, de ressource, de recherche, créé, lui, en 1987. L’audace et la richesse des genres nés à l’époque baroque ont en effet disparu pendant un siècle et demi, avant que « ne se développe, au XXe siècle, une école de musicologie française préparant l’éclosion, dans les années 80, du mouvement du « renouveau baroque » dont la démarche d’interprétation sur instruments anciens sera l’une des principales caractéristiques », ainsi que le souligne justement le CMBV.
C’est aussi dans cette perspective que se conçoit le programme de l’ensemble B’Rock Vocal Consort & Orchestra autour de Monteverdi, dans le cadre de la saison de l’opéra Grand Avignon. Si l’alliance d’un compositeur baroque italien et des frimas septentrionaux semble insolite, la Flandre a néanmoins fortement inspiré les œuvres de Monteverdi. Le programme, reliant Monteverdi à ses influences nordiques, ne pouvait que tisser des liens d’atmosphère entre les musiciens – d’origine belge – et le public provençal. Ils ont cheminé ensemble, de Nicolas Gombert (1495-1556) et Adriaan Willaert (1490-1562) jusqu’à Monteverdi (1567-1643) qui leur succède, en passant par la génération intermédiaire des Cipriano de Rore (1515-1656) ou Giaches de Wert (1535-1596), partant d’accents amples (et plus sombres ?) à des accords plus joyeux et ensoleillés.
Huit voix (à parité) et six instruments, ont créé un vrai spectacle, alternant demi-choeur et tutti, a capella et avec instruments, premier demi-choeur avec luth et second avec clavecin et viole de gambe… La mise en espace, loin d’être gratuite, soulignait les différences entre les pièces, et mettait en valeur les voix extrêmes, soutenues par un tissu médian plus rond, n’évitant pas toujours la saturation des aigus. Selon la place dans la collégiale, le public a diversement goûté les instruments, souvent couverts par les voix. Et sans doute aurait-on aimé quelques pièces purement instrumentales, pour mieux saisir les finesses des cordes, destinées initialement à des lieux intimistes, et des musiciens.
Entre la musique sacrée – Kyrie et magnifique Gloria à 7 voix -, les jolis madrigaux, les regrets des rigueurs de la belle, ou les exultations joyeuses, du latin et grec à l’italien, c’est une belle palette de cette musique « baroque », étymogiquement kaléidoscopique et miroitante, qui a ainsi été proposée en ce dimanche printanier et dans une église quasiment pleine.
G.ad.
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